mercredi 28 novembre 2007

De bonnes nouvelles pour une "Recrue"!

Les carnets de Douglas, de Christine Eddie se retrouve parmi les douze livres sélectionnés de la liste préliminaire du Prix des Libraires du Québec 2008!

Souhaitons-lui bonne chance!

dimanche 18 novembre 2007

Sur cyberpresse.ca...

Jade Bérubé
La Presse
Collaboration spéciale

Publié au Éditions du Boréal, Dawson Kid de Simon Girard nous atteint comme un coup de poing bien placé, sans possibilité d'esquive. Par la voix de Rose Bourassa, 20 ans, danseuse au Gold devenue insensible suite à une avalanche de désillusions, l'auteur livre un premier récit audacieux s'inspirant du phénomène des tueries.

Q: On dit que vous avez écrit plusieurs livres, mais Dawson Kid est votre premier publié. Pourquoi? Qui est donc Simon Girard?

R: Je suis un garçon de 28 ans qui sort de sa grotte (rires). Il y a 5 ans, je me suis volontairement isolé dans le but d'écrire, en autodidacte car je n'ai fait que deux sessions d'université. Et puis une promesse de contrat d'édition pour un des mes écrits est un jour tombée à l'eau. J'ai paniqué. J'ai alors écrit comme une machine, compulsivement, pour réparer. J'ai écrit environ 6 romans jusqu'à ce que Dawson Kid arrive.

Q: Bien que la tuerie de Dawson ne soit qu'un des ressorts dramatiques, elle semble avoir été un moteur important de votre écriture...

R: Oui c'était un défi. Je ne voulais pas prendre le tueur comme protagoniste parce que ça aurait été trop facile. J'ai préféré une fille qui a le bagage émotif pour passer à l'acte mais qui est finalement prise de vitesse. Et je voulais qu'elle suscite notre empathie. Pour elle, la tuerie n'est qu'un révélateur qui finalement lui fait prendre un autre chemin. Un meilleur chemin que le tueur? Je ne sais pas. La beauté et l'horreur sont toujours dans la même pièce... L'autre défi était d'écrire une histoire complexe, précise, fine et en même temps accessible.

Q: N'était-ce pas risqué que de se servir de cet événement jusque dans le titre?

R: Oui. Et je ne suis pas une seconde gêné car je sais que c'est une bonne histoire. Je tenais à dénoncer le réflexe de la langue de bois que l'on retrouve après les tueries. Comme si on devenait tous des politiciens quand on en parle. Tout le monde dit la même chose convenue sur ces événements. Ma liberté de créateur a été piquée à vif. On a le droit d'avoir une version des faits différente.

Q: Pourquoi avoir choisi de prendre la voix d'une jeune femme? Et comment être arrivé à une telle justesse?

R: On m'a un jour fait réaliser qu'à travers l'autofiction, je n'écrivais toujours que la même histoire. Ça ma fouetté. J'ai alors cherché à m'éloigner à tout prix de ma vie personnelle tout en continuant de raconter des choses qui me touchaient. Le personnage de Rose est né après avoir lu dans le journal un reportage sur les filles de gang. Pour la justesse, je crois que si on ne connaît pas bien le sujet, on est d'autant plus habile pour inventer ce qui peut remplir les trous. Quand tout est ancré dans la réalité, le fait de raconter l'histoire sur papier perd de sa fonction.

Q-Votre personnage principal, Rose, s'inquiète de son insensibilité. Faites-vous le même constat?

R: En quelque sorte oui. Je parle d'insensibilité comme je pourrais aussi parler " d'habitude ". Quand on s'habitue, on réagit de moins en moins. Soudainement, on réalise qu'on est moins sur le mode de la découverte, de la sensation. La surexposition médiatique génère aussi cet état. C'est une façon de survivre mais c'est aussi une façon de dire : je vois ce qui se passe, je suis témoin, mais ça ne me regarde pas. Cette notion fait effectivement partie de l'aspect éditorial que j'ai voulu donner de l'événement de Dawson.
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Le dimanche 09 septembre 2007

Dans le ring avec Simon Girard

Valérie Gaudreau
Le Soleil
Collaboration spéciale
Québec

Chaque rentrée littéraire est faite des mêmes attentes : celle du retour de valeurs sûres et d’espoir de découvertes. Cette année, la découverte est arrivée comme un coup de poing et ça s’appelle Dawson Kid, de Simon Girard. Inconnu jusqu’ici, ce Montréalais de 28 ans marque des points dès le premier round avec ce premier roman qui nous présente Rose Bourassa, 20 ans, une danseuse nue qui largue tout pour voir aller voir ailleurs si elle y est. Mais elle ne va pas très loin : le métro, son appartement, la lecture et la solitude comme seuls refuges. Traînant les blessures d’une enfant battue et abusée dès l’âge de sept ans, Rose est déjà vieille.

Elle est maganée, la jeune Rose, et au moment où se produit la tuerie du Collège Dawson, à laquelle le titre du roman fait allusion, elle se dit qu’elle aurait peut-être bien pu, elle aussi, être un « petit garçon mal grandi » qui a fini par crier sa rage au bout d’un fusil. Le suicide ? Rose y a pensé, mais en attendant, elle laisse une chance au destin et son envie de frapper un grand coup, elle l’exprimera au sens propre, en devenant boxeuse. Mieux, « cogneuse », c’est encore plus fort. Et violent. Aidée d’un coach aussi énigmatique que bienveillant « qui lui enfonce ses gants comme une mère met sa tuque à un enfant », Rose criera toute sa souffrance avec ses poings, son cœur et ses larmes. Ses poings, et son cœur, Simon Girard les a visiblement sortis aussi pour écrire ce roman intense, touchant et vif qui démontre une formidable capacité à décrire les émotions de cette jeune femme déboussolée. Malgré le nom du personnage, rien n’est très rose dans Dawson Kid, mais en sortant du ring, un peu sonné, on se dit que le combat en aura valu la peine. On a déjà hâte au deuxième round.

Dans le Voir.ca...

25 octobre 2007

Dans les câbles.
Éric Paquin

Pour son premier roman, Simon Girard se glisse dans la peau d'une écorchée vive ayant choisi la boxe comme exutoire à sa désespérance.
Victime d'un père abuseur dès l'âge de 7 ans, Rose ne parvient à se défaire que graduellement des plaies de son enfance. Danseuse nue, elle ne consomme toutefois ni alcool ni drogue, ce qui lui permet de mettre assez d'argent de côté pour être indépendante quand viendra le temps de quitter le métier. Ce moment survient assez tôt dans la vie de Rose, alors âgée de 20 ans: peu après avoir frappé son père qui est venu la voir danser au Gold, elle démissionne, franchissant un nouveau pas vers la liberté. Un pas qui la conduit directement dans un gymnase de boxe où elle comblera un besoin qu'elle ne peut plus se permettre de refouler: cogner.

Sur un canevas qui pourrait apparaître quelque peu usé (celui du jeune défavorisé qui s'en sort par le biais du sport), Simon Girard pose un regard étonnamment personnel et rafraîchissant. Même si la relation platonique unissant son héroïne au substitut paternel que représente le vieux Coach nous fait immédiatement songer à celle de Million Dollar Baby, l'écrivain évite l'approche psychologisante qui accompagne souvent ce genre d'histoire. Véritable objet littéraire, y compris dans ses légères imperfections, Dawson Kid suggère davantage qu'il n'explique, provoque intelligemment plutôt que de chercher à choquer inutilement, tant par l'originalité de sa voix que par la brutalité de son propos.
Ce propos, auquel l'intrigue sert de prétexte, c'est quelque chose comme le sentiment que l'être humain a de sa propre mortalité. Jusqu'au tournoi final sur lequel le roman s'achève inévitablement (et de façon tragique), Rose est habitée par cette idée qui la fait hésiter entre sa volonté d'en finir une fois pour toutes et celle de donner encore une chance à la vie. Mais dans le wagon du métro où, à la toute première page du roman, la narratrice songe à mettre fin à ses jours, c'est le suicide de quelqu'un d'autre qui la frappe, l'imprégnant du souvenir d'un "temps mort", celui où le corps de l'inconnu, heurté sous ses yeux et encore debout pour un très bref instant, semble "immobilisé pour la photo de la mémoire". Ce motif du mur (mur auquel on se frappe, écran ou miroir qui nous renvoie notre propre image) parcourt ainsi tout le livre. Selon Rose, les suicidaires sont toujours les mieux placés pour témoigner de la valeur de la vie...
Lorsque survient la tuerie du Collège Dawson, auquel le titre du roman fait écho, Rose se questionne justement sur sa propre agressivité. Grande lectrice de journaux, elle critique le traitement médiatique de cette affaire qui nourrit dans la population l'effet de crainte recherché par le tueur auquel elle s'identifie brièvement: "Je les comprends, ces tueurs, qui se détestent tellement [...] et se retournent contre le monde pour survivre un peu plus longtemps, avant d'en finir." Parlant le langage de la désillusion et de l'insensibilité, Rose laisse malgré tout poindre la possibilité d'une rédemption au bout de sa "vie morte depuis longtemps". La liaison qu'elle entretient depuis peu avec son voisin Otto, et au sein de laquelle elle accepte peu à peu de s'ouvrir à l'autre, témoigne d'une pulsion de vie qui confère une touche d'espoir essentielle à Dawson Kid.

Chez Canoë...

Mission accomplie
Virginie Roy

Le Journal de Montréal
18-08-2007 05h00

L’écrivain Simon Girard s’est battu pour atteindre son objectif, celui d’écrire son premier roman. Mission accomplie. Dawson Kid sera en librairie dès cet automne.

L’écrivain Simon Girard, 28 ans, est un passionné. Pour écrire, il a tout sacrifié: temps, argent, amis… «J’ai été sur le bien-être social et je faisais des études cliniques pour subvenir à mes besoins. La seule chose que je voulais faire, c’était écrire des romans», explique-t-il.
Simon Girard dit avoir eu une révélation entre le secondaire et le cégep. La lecture d’un roman d’Alexandre Jardin lui a confirmé sa passion pour la littérature. «J’avais envie d’écrire mon propre Alexandre Jardin. Je me suis donc enfermé tout l’été dans mon sous-sol sans voir mes amis et j’ai écrit. Juste pour voir ce que j’avais dans les tripes», dit-il.

Et ce qu’il a dans les tripes donne un excellent résultat. Après avoir écrit plusieurs romans, la maison d’édition Boréale lui a enfin donné sa chance.

C’est le roman Dawson Kid qui lance enfin la carrière de Simon Girard. «Je veux vivre demes romans jusqu’à au moins cinquante ans. Je suis prêt à tout», explique-t-il.

Dawson Kid

Rose Bourassa est danseuse nue. Elle le fait pour se réapproprier soncorps,pour redevenir la vedette qu’elle était plus jeune.

Mais elle est surtout suicidaire, fataliste et elle refoule ses émotions. «Rose aurait très bien pu être le tireur fou du cégep Dawson», explique l’écrivain.

On entre avec efficacité et doigté dans le monde d’une femme où la boxe devient son moteur de survie.

«J’ai été très influencé par le film Million Dollar Baby. L’histoire de Dawson m’a aussi énormément touché. Tout ça mis ensemble a donné ce roman», raconte-t-il.

Dawson Kid, de Simon Girard, sera sur les tablettes des librairies dès le 28 août. Pour l’instant, l’écrivain ne fait pas relâche. Il espère publier un recueil de nouvelles dès l’an prochain.

Dans Le Devoir...

Christian Desmeules
Collaborateur du Devoir
Édition du samedi 10 et du dimanche 11 novembre 2007.

Rencontre avec Simon Girard, auteur de Dawson Kid.

Un premier roman généralement bien reçu par la critique. Sensation de la rentrée. Avec Dawson Kid, paru en août chez Boréal, Simon Girard a pondu un roman intense, tendu de révolte, un roman coup-de-poing qui raconte à la première personne le parcours chaotique et la colère d'une danseuse nue âgée de 20 ans, Rose Bourassa, de son passé de victime au désir salvateur de maîtriser son destin.

Sa découverte de la boxe comme exutoire, sur fond de tuerie au collège Dawson, et façon de faire reculer sa propre mort. Son envie de cogner sur tout ce qui bouge pour défoncer le mur d'insensibilité derrière lequel elle se sent prisonnière. «Une petite fille en colère, fatiguée de bouder, à qui on a prêté une paire de gants et un corps auquel il est permis de tout faire, dans les règles.»

Poigne solide, cheveux ras, chemise rouge largement déboutonnée, carrure de judoka, l'auteur de 28 ans déplie d'abord quelques feuillets où sont imprimés des extraits choisis de Dawson Kid, un premier roman gonflé de rage, de violence, de mort aussi, rapidement et largement remarqué par la critique pour ses qualités -- émotion brute, spontanéité.

«Pour répondre en me citant», annonce-t-il un peu maladroitement. Sa façon à lui d'affronter le petit cirque et de donner le change aux journalistes. Il laissera pourtant vite de côté son petit laïus pour discuter spontanément d'inspiration, de discipline d'écriture et d'idéalisme.

S'obliger à écrire

«La meilleure image que j'aurais pour parler de ce roman-là, c'est celle du film d'horreur. C'est pas l'fun, ça t'écoeure, c'est tough, mais tu continues à le regarder parce que ça te tient. C'est comme ça que je décrirais Dawson Kid. Ce n'est pas léger», confie Girard.

Simon Girard évoque sans pudeur les circonstances qui l'ont amené à l'écriture et à la publication de ce premier roman. Ses rêves de devenir écrivain et son choix -- forcément controversé -- de «se mettre sur le B.S.», comme il dit. De s'imposer un mode de vie frugal, de mettre le frein à sa vie sociale et de se retrancher dans son petit appartement jusqu'à ce qu'il n'ait simplement plus le choix. Plus aucune excuse possible pour ne pas écrire.

«On a tous des plans de faire du cinéma, raconte-t-il, pour faire ceci ou cela. Alors, un jour, je me suis dit: "Là, tu vas choisir quelque chose que tu peux commencer ce soir, maintenant, et tu pourras voir tout de suite si tu as vraiment quelque chose dans le ventre". C'était un test. J'avais eu mon quota des discussions de bar. Écrire un livre, je n'avais plus d'excuses pour ne pas le faire», reconnaît-il, conscient d'avoir atteint son premier objectif.

Une publication qui survient après plusieurs tentatives peu satisfaisantes, à ses propres yeux ou à ceux des éditeurs à qui il avait soumis ses manuscrits -- et notamment Boréal, qui a tout de même fini par publier Dawson Kid. «Cette histoire-là, c'est la numéro neuf», dira-t-il à propos de ce premier roman abouti , en évoquant brièvement les huit autres tentatives qui flirtaient toutes plus ou moins avec l'autofiction.

C'est l'arrivée presque miraculeuse d'une voix, celle de Rose Bourassa, le personnage central de Dawson Kid, qui lui a permis de se libérer, estime-t-il, du carcan autobiographique. «On tombe dans le mystique un peu, mais j'ai l'impression que c'est plus elle qui l'a écrit. Aussi, le fait que c'était une fille en faisait quelque chose de plus extérieur, et d'une certaine façon c'était plus fort, comme si ce n'était plus moi qui parlais.» Mais, au final, ajoute-t-il, on finit par se rendre compte qu'on écrit toujours avec son propre filtre et à partir de ce qu'on connaît le mieux.

La folie des grandeurs

Et comment faire pour garder la rage au ventre, pour conserver le sentiment d'urgence et de révolte qui a servi de moteur pour écrire? «Bonne question... Garder la rage... Je ne sais pas trop», avoue celui qui se situe lui-même, comme écrivain, quelque part entre Proust et Bukowski: «Entre l'écriture à l'os et l'animalité de Bukowski, d'un côté, et l'extrême vérité pointilleuse de Proust, de l'autre.»

Idéaliste dans l'âme, presque naïf, Simon Girard confie son désir d'atteindre et de toucher les gens, ses rêves de communion avec le genre humain. «J'ai la folie des grandeurs. Si j'écris... Le minimum, pour moi, serait que cette histoire-là fasse le tour», reprend-il, souhaitant pour son premier roman rien de moins qu'une consécration planétaire. «Si ça fait du bien à du monde, si ça fait apparaître une certaine vérité, si c'est un peu important et si je peux faire partie de la solution...» Le succès, la richesse, la gloire, le Nobel? «Je ne m'attends pas à ça, mais je me prépare pour.»

«Mais, au départ, tu veux sauver ta peau, avoue le jeune auteur qui souhaite vivre de son écriture. Parce que si tu ne sauves pas ta peau, tu ne pourras pas aider grand monde.» Confiant de la suite des choses («J'ai déjà mille pages d'écrites pour l'année prochaine», lance-t-il), Simon Girard assure qu'il ne s'agit que d'un premier round.

vendredi 16 novembre 2007

La recrue du mois de décembre : Simon Girard - Dawson Kid


Quatrième de couverture :

Si je mourais d’un accident, tantôt, en sortant du gymnase, ce serait dommage. Franchement. Je me fâche juste à y penser. N’importe qui dans sa voiture, passant dans la rue à quelques mètres de moi, aura cette possibilité. Tous des petits Dawson en puissance. Il y a peut-être juste deux classes de personne : celles qui se reproduisent, et celles qui se tuent.


Elle s’appelle Rose Bourassa. Elle a vingt ans. Il y a deux choses qui ne la quittent jamais. L’idée de la mort, sa propre mort, et une sourde envie de cogner. Que ce soit au Gold, où elle danse autour des poteaux et aux tables, ou dans les couloirs du métro. Jusqu’au jour où elle commence son entraînement à la boxe et où elle fait la connaissance de Coach. Coach qui lui enfonce ses gants comme une mère met sa tuque à son enfant, en la brassant un peu, parce qu’elle est dans la lune, au paradis, entre des mains aimantes. Elle se dit alors qu’elle a peut-être réussi à faire reculer sa mort.

Simon Girard donne ici un premier roman audacieux. En s’attachant à rendre la moindre sensation avec une précision obsessionnelle, il nous fait entrer dans la peau d’une jeune femme dont la vie peut basculer à chaque instant. On s’immisce dans le quotidien de Rose Bourassa comme on monte à bord d’un manège. On n’a pas d’autre choix que de s’abandonner au vertige.

Source : Éditions Boréal






jeudi 15 novembre 2007


J'ai une rubrique sur mon blog où je pose 3 questions, toujours les mêmes, à des écrivains sur leurs lectures. Christine Eddie, l'auteur des Carnets de Douglas, a gentiment accepté de répondre à mes 3 questions !

Merci Christine !


- Quel est votre dernier livre coup de cœur ?

Je ne serai pas originale parce que nous sommes très nombreux à avoir aimé ce livre : L’histoire de l’amour de Nicole Krauss. J’aurais fait le voyage à New York pour rencontrer son héros, Léo Gursky, et essayer de le consoler.


- Avez-vous un livre ou un auteur culte ?

Non, mais j’ai une grande affection pour Romain Gary que je ne connaissais pas encore quand j’ai lu (et aimé) les romans d’Émile Ajar. Puis, comme tout le monde, j’ai été estourbie par Vie et mort d’Émile Ajar, le livre posthume dans lequel Gary révèle, en 1981, qu’Ajar c’était lui. Romain Gary était mort... La bonne nouvelle, c’est que j’avais encore une trentaine de ses livres à lire. Mes préférés : La promesse de l’aube et Les cerfs-volants.


- Comment lisez-vous ?

Dans le silence. En vacances, énormément. Sinon, le soir, avant de dormir.

Simple et beau

Le même jour, deux adolescents parviennent à fuir un destin qui les aurait emmurés. Ils se trouvent, deux ans plus tard, à Rivière-aux-Oies, un village beaucoup trop discret pour figurer sur une carte. Au cœur de la nature généreuse et sauvage, ils s’aiment, à l’abri des rugissements du vingtième siècle. Jusqu’à ce que la vie, comme d’habitude, fasse des siennes.
(…)
Une passion comme au cinéma, qui se déploie à l’ombre d’un arbre, d’une clarinette et de la beauté fragile du monde.

(Extraits du 4ème de couverture)


Voilà typiquement un roman où je ne sais pas quoi vous dire à part « Lisez- le ! C’est très bien. » ! C’est très embarrassant, surtout dans le cadre d’une lecture commune. Alors je vais essayer de faire un petit effort…

En une succession de courts chapitres, avec une écriture simple et belle, Christine Eddie nous raconte l’histoire d’Elena et Douglas, deux jeunes adultes qui vont s’aimer, jusqu’à ce qu’un drame arrive. Christine Eddie nous parle d’amour, de nature et de musique. Une fois ouvert, on se laisse entraîner dans cette histoire jusqu’à ne refermer le livre que sur le mot FIN. C’est donc pour moi une très belle découverte ! Merci Jules !

Un grand merci à vous, amis chroniqueurs québécois, d'avoir accueilli une petite française parmi vous !

Dans le coeur un arbre

Que de douceur et de poésie dans la plume de Christine Eddie! Avec un style sobre et évocateur, elle brode un premier roman dont les thèmes prennent racine dans une nature sauvage et belle. Secrète, vivante et fragile, comme les êtres. Une écriture efficace, sans artifice. Un direct au cœur.

Romain Brady étouffe dans un monde qui ne le reconnaît pas comme sien. Il le fuit pour disparaître au fond de la forêt où on l’oublie. Il vit au sein des arbres, sur des airs de Mozart. Seul.

Éléna Tavernier, après la mort de sa mère, subit sa vie auprès d’un père violent. Un soir, elle tourne brusquement dos à cette existence qui se consume alors derrière elle. Menée vers le village de Rivière-aux-oies, elle apprend la science des plantes et, un jour où elle erre dans la forêt, fait la rencontre de Mozart.

Deux êtres seuls qui se complètent en un tout. Une histoire d’amour aussi intense que brève, interrompue par la naissance d’un enfant. La vie qui sème la mort. Une petite fille dont le père n’arrive pas à surmonter le deuil. Un médecin solitaire et une maîtresse d’école rescapée de l’Holocauste, unis dans l’éducation de l’enfant. Des carnets lus avidement à l’ombre d’un mélèze…

J’ai lu d’une traite ce petit roman simple et beau. Les chapitres, très courts, donnent un rythme rapide à une histoire tout en finesse qui évoque plus qu’elle ne raconte. Même s’il s’agit d’un premier roman, Christine Eddie n’est pas une nouvelle venue dans le monde de l’écriture. La maturité et la retenue émanent de son style bref, percutant. Et le résultat est un roman qui nous habite longtemps après qu’on l’ait refermé.

Christine Eddie, Les Carnets de Douglas. Alto, 198 p.

La vie en soi

Cet attrayant roman se lit comme une histoire d’amours multiples et démultipliées : amour improbable entre Douglas (Romain) et Elena, inconditionnel, presque fiévreux envers Rose, le bébé à naître, penchant ignoré de Léandre envers Elena, tendresse infinie de Léandre et Gabrielle envers la petite Rose, relation fusionnelle de Rose avec son arbre, de Douglas avec la nature, lien intime avec la musique.

Avec douceur et conviction à la fois, l’écriture d’une grande limpidité de Christine Eddie fait basculer le lecteur dans un univers presque onirique. La plume poétique de l’auteur cisèle les paysages, les fait surgir devant nous. Sa voix unique nous raconte, presque en pointillés, le destin extraordinaire de personnages atypiques mais auxquels on s’attache en un instant. Discrètement, ils se découvrent peu à peu, dévoilent leur richesse intérieure, nous touchent par la profondeur de la faille qui les traverse, nous confrontent à la petitesse du monde qui les entoure, à l’intolérance, à la suprématie du progrès technologique.

Christine Eddie jette un regard tendre sur cet univers en suspension et choisit de le traiter de façon presque voilée, comme pourraient le faire certains cinéastes, avec un filtre. Les courts chapitres sont d’ailleurs astucieusement regroupés à l’intérieur de sections à connotations cinématographiques : repérage, gros plan (et fondu au blanc), plan d’ensemble, fondus enchaînés, accéléré, musique, fin, générique. En gravant sur la pellicule les différents éléments qui composent sa fresque, elle laisse au lecteur la possibilité d’y inscrire son propre scénario, d’y jeter un éclairage subjectif, de colorer à sa façon les zones volontairement laissées en plan. Une voix unique, musicale, qui sait à merveille dépeindre la vie qui palpite sous la surface.

Nature humaine

Il s’appelle Romain (il deviendra Douglas par une fantaisie de l’auteure). Il vit reclus dans les bois. Elle s’appelle Éléna. Elle vit dans un petit village aux abords de ce bois. Elle est attirée par cet homme mystérieux. La rencontre finit par avoir lieu. L’amour naît. Commence alors leur étrange destinée.

Pour Les carnets de Douglas, Christine Eddie s’est visiblement inspirée des romans du terroir qui ont vu naître notre littérature. La nature est omniprésente, on est loin des villes et l’ambiance a un petit côté rustique propre au genre.

Je ne suis pas certain que ça me plaise énormément.

Dès le départ, j’ai eu très peu d’empathie pour Romain. Ce qu’il était ne m’intéressait que très peu et encore moins ce qui le poussait à agir. Par contre, je me suis attaché rapidement à Éléna. L’attachement aura été de courte durée. Je ne sais pas pourquoi. Il y a quelque chose dans la construction du roman et des personnages qui m’a échappé tout au long de ma lecture. Les contours sont peut-être trop flous et l’ambiance trop éthérée pour moi. Pourtant, l’écriture de Christine Eddie est belle et maîtrisée, mais je n’ai pas été sensible à son univers.

En fait, je suis resté sur ma faim. Je pense que j’aurais aimé lire ces fameux carnets de Douglas dont on parle souvent dans l’histoire. J’avais l’impression qu’ils auraient été plus intéressants que ce qu’on me racontait jusque là.

Cela dit, ce premier roman n’est pas mauvais pour autant. C’est juste qu’il ne s’adresse pas au type de lecteur que je suis.

D'amour, de nature et de poésie

Dans un premier temps, ce roman est le récit d’une très belle histoire d’amour entre Douglas et Elena. Jusqu’à ce que, dans un mouvement simultané de beauté et d’horreur, naisse la petite Rose. Ce récit est aussi celui d’une Rose qui grandira dans une famille atypique en attente d’un père absent. Très absent. Et qui ne sera pas oublié que parce que périodiquement il enverra à sa fille des cahiers. Les carnets de Douglas.

Ce premier roman de Christine Eddie avait tout pour me plaire. Exactement le genre de plume qui me fait craquer : scènes courtes, très poétiques, impressionnistes. J’adore me faire raconter une histoire sans qu’on me prenne par la main, mais seulement en saupoudrant ici et là des touches de couleurs et de sentiments. Les personnages de femmes m’ont particulièrement touchés. Je voudrais, dans la vie, être une Elena. Quelque chose pourtant, m’a laissé sur ma faim…

Autant le style particulier me semblait convenir à la première partie du roman, à l’histoire d’amour, autant la suite m’a paru plus difficile. J’aurais voulu sentir Rose grandir plus lentement, j’aurais aimé explorer davantage sa relation avec sa mère adoptive. Je me serais attardée sur une tache de couleur pour en explorer les détails et les nuances. Dans cette deuxième partie, j’aurais surtout voulu lire les carnets de Douglas. Parce que malgré le titre, ils n’y sont pas ces carnets. Comme j’aime beaucoup les diaristes et les correspondances, j’ai un peu été déçue de ne pas retrouver ce que, me fiant au titre, j’attendais.

Je transfère maintenant cette attente dans l’espoir de pouvoir relire Christine Eddie dont la sensibilité et la poésie m’ont semblé de proches parentes.

Le souffle de l'amour

Elena et Douglas sont deux êtres solitaires malmenés par la vie que le hasard a fait se rencontrer dans le petit village de Rivière-aux-oies. Ils tombent amoureux et se font un nid d'amour dans les bois. Malheureusement, leur bonheur sera de courte durée puisqu'Elena mourra en mettant au monde leur fille Rose. Incapable de faire face à sa douleur, Douglas laissera Rose aux bons soins du médecin et à l'institutrice du village et partira courir le monde. Il restera en contact avec elle en lui envoyant ses carnets de voyage.

Ce premier roman de Christine Eddie est poétique et enchanteur. Elle nous raconte cette histoire à grands traits comme une fresque permettant du même coup de laisser courir notre imagination dans des paysages qui ont l'air sorti tout droit d'une autre époque. Une très belle lecture pour moi.

Réf. : Les carnets de Douglas, Chistine Eddie, Alto, 2007, 204 pages, ISBN : 978-2-923550-08-4.

Les facettes de l'amour...

Je n’ai pas été happée par le texte, mais plutôt séduite par sa forme. Des chapitres courts qui ne laissent pas place à l’ennui. Concis, l’univers de chacun se fait facile à découvrir. La nature y est poétique et la flûte de Romain séduisante. Le malheur s’abat sur Éléna et Romain, mais en groupe, pour le bonheur de leur petite Rose, chacun campera un rôle nécessaire en souvenir de « Bouclette ». Quelques éléments « classiques » de la situation : la vieille fille (Gabrielle), le vieux garçon (Léandre) et un père désemparé (Douglas), tous prêts au sacrifice pour cette enfant… Une douce histoire d’amour aux multiples facettes, bercée au rythme d’une rivière, d’un village et des saisons. Simple !

mercredi 14 novembre 2007

Une romance familiale à l'eau de Rose

Le titre ne m'attirait pas plus qu'il ne le faut. Une première leçon, ne pas se fier au titre, pas toujours, car j'aurais passé à côté d'un livre que j'ai beaucoup, beaucoup aimé. Un roman goulûment dévoré de la première à la dernière page.


Pourquoi, oui pourquoi, je l'ai tant aimé ? Je commence à croire qu'il est aussi difficile d'expliquer son amour que le contraire. Pour justifier cet amour qui se satisferait pourtant de l'inconditionnel, disons que le style clair, ordonné par des phrase simples, des chapitres d'un seul souffle, avec peu de personnages dévoilés un à la fois, ce style succinct, épuré est venu me chercher là où j'étais.


L'histoire s'annonce par de la dureté ; deux enfants meurtris qui auraient pu se laisser mourir étouffés par le manque d'amour et qui choisissent courageusement d'attraper leur baluchon pour aller voguer, peut-être vers plus de misère physique mais moins de misère morale. Avoir peu mais avoir le principal, la liberté. Ces êtres affranchis de leur famille, Romain et Éléna ont rendez-vous avec l'apprivoisement de leur être intime à partager avec un autre corps, un autre coeur. Leur maison, quelques branches coupés, leur univers, la forêt. Mais l'auteure n'a pas prévu de laisser couler une romance à l'eau de rose. Un bébé vient au monde, Rose, une histoire meurt, une autre naît.


Les thèmes sont nombreux et abordés d'une manière assez originale ; Une famille (atypique) reconstituée, l'amour paternel et maternel, la médecine dans un petit village, la marginalité, le rejet, le déracinement, le père lointain, l'amour du bois, la mort qui survie, la musique.


La forme maintenant. Des titres découpant l'histoire comme un film, oui, pourquoi pas. Le générique, je dois l'avouer, même s'il a assouvi ma curiosité du « après » m'a quelque peu bousculé. La toute fin est si forte, un peu comme dans une nouvelle, l'arrivée du générique et le défilé des personnages a achevé mon émerveillement un peu trop brusquement.


Je viens de feuilleter les pages, un parfum s'en dégage, me fait découvrir un goût ; le revivre.

mercredi 7 novembre 2007

Questionnaire à Christine Eddie

Née en France, Christine Eddie a grandi en Acadie avant de se poser au Québec. Elle a signé de nombreux articles, publié quelques nouvelles, reçu deux prix littéraires (Prix Arcade au féminin et Concours de nouvelles XYZ) et écrit un livre pour la jeunesse, La croisade de Cristale Carton (Hurtubise HMH, 2002). Les carnets de Douglas est son premier roman. Elle a eu la gentillesse de répondre à mon questionnaire.


Croyez-vous que les écrivains ont une responsabilité sociale ?


CE : Les écrivains sont d’abord des citoyens et, à ce titre, ils ont, comme tout le monde, une responsabilité sociale.


La solidarité entre écrivains existe-t-elle ?


CE : Votre question évoque spontanément, pour moi, le PEN club international qui réunit des écrivains du monde entier autour
de la défense de la liberté d’expression et qui travaille à faire libérer les écrivains emprisonnés et persécutés pour leurs écrits. Je réponds oui.


Selon vous, le monde du livre se porte-t-il bien au Québec ?


CE : Malgré un « marché » minuscule, il se publie, au Québec, une formidable variété de beaux et de bons livres. Tout ne va peut-être pas pour le mieux
mais il suffit d’entrer dans une librairie ou une bibliothèque pour constater le miracle.


Est-ce qu'en 2007, nous pouvons dire, qu'enfin oui, nous avons une littérature québécoise ?


CE : Il me semble que le mot « enfin » est de trop dans votre question ; nous avons une littérature québécoise
depuis si longtemps…


Que répondez-vous à un jeune qui vous dit qu'il aimerait bien devenir écrivain ?


CE : Je lui suggérerais de lire, de lire et de lire encore. Et de ne pas hésiter à fréquenter les dictionnaires.


Vous écrivez au stylo, au crayon ou à l'ordinateur ?


CE : La plupart du temps à l’ordinateur, souvent au crayon (avec une gomme à effacer tout près) et rarement au stylo.


Internet a-t-il changé votre façon de travailler et de correspondre ?


CE : Internet me donne accès à une mine d’informations que je mettrais autrement des jours à trouver. Pour ce qui est de la correspondance,
j’ai sérieusement réduit mes frais d’interurbains…


Internet est-il une menace ou un nouveau média de promotion pour les écrivains ?


CE : Un nouveau média de promotion, pourquoi pas ?


Que pensez-vous de l'édition électronique ?


CE : Pas grand chose, encore.


Avez-vous un site Web ?


CE : Moi, non. Mais mon éditeur, Alto, oui : http://www.editionsalto.com.


Vos sites Web préférés sont ?


CE : Je lis régulièrement les journaux dans Internet.


Quel est votre leitmotiv ?


CE : J’en change tous les jours. Ce qui n’est pas bon pour un leitmotiv.


Y a t-il une cause qui vous tient particulièrement à coeur ?


CE : Oui. La protection de l’environnement. L’égalité entre les hommes et les femmes. L’accès à la culture et à l’éducation.


Pour quel écrivain avez-vous de l'admiration ?


CE : De l’admiration, je ne sais pas. Mais je suis très attachée à Romain Gary, Anne Hébert, Nancy Huston, Suzanne Jacob, Joyce Carol Oates,
David Lodge, Serge Bouchard, Marguerite Duras, Lorrie Moore, Kaye Gibbons, Milan Kundera, Geneviève Amyot, Jacques Prévert, Elizabeth Taylor (l’écrivaine britannique, ne pas confondre) et Gaston Miron. Entre autres.


Pour terminer avez-vous une lecture à nous suggérer ?


CE : Il y en aurait beaucoup mais, s’il faut choisir, je propose le « Journal » de Marie Uguay, une œuvre posthume bouleversante qui ressuscite
la voix d’une poétesse exceptionnelle.


Merci madame Eddie !