mercredi 21 mai 2008

Sur Kabylie Watch

La jeune auteure dont on parle aujourd’hui, Katia Belkhodja, vient de mettre au monde un premier roman, La peau des doigts, où les personnages marchent longuement, comme s’ils se cherchaient dans le dédale d’un passé flou, presque effacé. À force de chercher, des points de repères se précisent, des images surgissent, des visages se modèlent. Une histoire de tendresse s’inscrit dans la mémoire d’une grand-mère kabyle pendant qu’en parallèle la narratrice s’adresse à Doña, une « fille qui ne sert à rien dans l’histoire », qu’elle reconnaîtra toujours grâce à ses boucles d’oreilles, avec une phrase-choc : « J’ai ta chair arrachée entre les dents. » De cette manière rebelle, aux dents acérées, on fera connaissance avec une capitale, Paris, où l’auteure situe des femmes qui lui sont certainement chères. Entre fiction et réalité. Quelle part de vérité ou de mensonge aborde-t-on à vingt et un ans ? La vie est encore à l’état de rêve ou de cauchemar selon le pays d’où l’on vient. Immigrer n’est pas toujours faire du tourisme mais une manière de survivre aux différents malheurs qui nous ont fait fuir vers un ailleurs incertain. Marcher, aller de l’avant, n’est-ce pas aussi marcher vers l’arrière ? On s’étourdit dans la fatigue, on se perd dans le bruit, le cœur en rage... On observe les inconnus que l’on croise, qui nous doublent. L’impression demeure - même si elle est trompeuse - de vivre un avenir surprenant tellement il annihile les « choses qui font si mal qu’il faudrait se dépecer pour s’en défaire. »

Aidée d’un style hoqueté, débridé, d’une écriture abrupte, Katia Belkhodja dresse des personnages d’hier et d’aujourd’hui, un décor urbain qui est celui du métro parisien, des quais de Seine. Des fontaines. Celle de la place Saint-Michel, celle de l’esplanade de la Place-des-Arts. La grand-mère kabyle, Celia, attend en vain son amant algérien qui, malgré sa promesse, n’est jamais venu la rejoindre à Paris. Elle se remémore le petit garçon qui la guettait sous le noisetier. Il y a l’autre Celia, la cousine, qui ne s’est jamais consolée de la mort de sa mère. Pour noyer son chagrin, elle fait des crêpes et se brûle la peau des doigts en les cuisinant. Les jumeaux, Gan et Fril, rencontrés par hasard à Paris, accompagnés de la petite fille Magdalène, poursuivent un chemin à peine tracé dans la peau de la main. Fril est peintre, Gan est autiste, amoureux fou de Marguerite Yourcenar. « Il ne dormait plus, ne mangeait plus. Il ne faisait rien, que relire les Mémoires d’Hadrien... » Une phrase le hante, soi-disant écrite par l’illustre écrivaine : « Le ciel est encombré de bleu. » Avec la narratrice, ils se pointent devant l’Académie française, espérant que Marguerite sorte de l’auguste bâtiment. En vain. Ils finiront par savoir par le Net qu’elle est morte en 1987, enterrée dans le Maine... Il y a aussi la dentiste chez qui tous squattent, elle est « l’arrière-petite-fille de la danseuse de tango », qui était venue au village autrefois ; elle a appris « aux idiots à danser, merveilleusement bien, le tango. » Des affiliations familiales, peut-être autobiographiques, se nouent. Celia, la cousine, la narratrice ne sont-elles pas les petites-filles de Celia, la grand-mère kabyle ? L’auteure elle-même est algérienne. La peau des doigts s’avère une quête de l’identité déracinée ainsi qu’un hymne à toutes les peaux, qu’elles soient noires, brunes - mates - ou blanches.

Un brin de nostalgie, beaucoup de gravité - et d’humour - imprègnent ce roman. On erre de l’Algérie à Montréal, en passant par Paris. Plusieurs références symboliques ont trait à la souffrance, aux regrets, à la solitude. Aux êtres qui défendent des causes pour le bien-être des humains, des animaux, de la nature. On ne se demande pas quel sera le deuxième roman de Katia Belkhodja, on est assuré que cette jeune femme de vingt et un ans possède un talent indéniable que son éditeur devra surveiller de près, l’auteure étant à l’âge des « rires jusqu’à en pleurer », du tout blanc du tout noir. Aucune nuance, aucune concession. Cet âge tendre et révolté à la fois, ne prête attention qu’à la déchirure de la peau, les égratignures seront pour plus tard... L’auteure, entremêlant ses lèvres à celles de la fille aux boucles d’oreilles, n’avoue-t-elle pas qu’elle a « toujours été une enfant. » ? On lui souhaite de grandir un peu pour avoir le bonheur de la lire longtemps.

mardi 20 mai 2008

La recrue du mois de juin: Katia Belkhodja, La peau des doigts.

« Ma grand-mère attendait dans le métro de Montréal comme elle devait avoir attendu dans le métro de Paris quand il lui avait donné rendez-vous, là-bas. Ma grand-mère sait que tous les métros du monde sont les mêmes, musique animale, rugissement d’entrailles. Les grandes villes accouchent à chaque station d’une multitude grouillante. »

Il est des romans qui nous laissent l’âme un peu triste. La peau des doigts est de ceux-là. Les personnages qui y circulent sont comme des nomades égarés. Ils courent après des rendez-vous ratés. C’est le cas de la grand-mère Celia, qui a attendu toute sa vie l’arrivée de son amant, lequel n’est jamais venu. Voyez les jumeaux : Gan est autiste, Fril est peintre. Ces deux-là errent dans les villes. Ils sont absents et intenses à la fois. Avec la narratrice, ils sont à la recherche de Marguerite Yourcenar. Ils la croient à Paris, à l’Académie où elle n’est pas, pas plus qu’au Père-Lachaise, elle qui a été enterrée dans le Maine, aux États-Unis. Et puis, il y a Celia, la nièce de la grand-mère, qui se meurt de la mort de sa mère. Inconsolable, elle fait des crêpes pour oublier. Elle se brûle la peau des doigts en les retournant…

Mais toute cette tristesse n’empêche pas l’humour de poindre à chaque page. Et la poésie aussi, parce que ce roman est un poème à la peau, à toutes les peaux, celle des Kabyles, car la grand-mère vient d’Algérie, autant que la peau des jumeaux. Aimer, c’est caresser, c’est manger des lèvres, c’est s’habiller de la peau de l’être aimé et c’est souffrir de sa présence trop intense tout autant que de son insupportable absence.

Aimer, c’est lire La peau des doigts, un roman écrit par une jeune auteure de vingt et un ans, née en Algérie, et qui nous fait voyager dans les mots, dans les villes, dans les rêves…

Réf.:
La peau des doigts, XYZ Éditeur, 2008, 102 pages.
ISBN: 978-2-89261-501-2

jeudi 15 mai 2008

Lecture en parallèle...

Tel un coquillage à la coque d'un bateau, Karine s'accroche en douce à La Recrue. Elle a aussi lu le Petit guide et disons qu'elle y a trouvé un goût un peu moins sucré que nous... Vous pouvez lire sa critique ici.

Le soleil est au rendez-vous...

La couverture rose bonbon est à l’image du contenu : de l’humour, des filles fifilles, aucune prétention d’être le prochain Nobel et de la légèreté au kilo. C’est une belle histoire d’amitié (et drôle !) entre femmes complices, originales et désireuses que tout le clan soit heureux. J’ai apprécié l’ajout de vocabulaire inventé en bas de page (couplitude, doduitude, Plateau-ien, etc.), les concepts existaient, il ne s’agissait que d’y coller une étiquette, elle l’a fait, et l’a bien fait. Un livre pour les 15-25 ans ou à ajouter dans ses valises, car même avec quelques « drinks » sous le casque, il est parfaitement possible de suivre l’évolution d’Anne (ou la décroissance de son orgueil) et c’est parfois un facteur à ne pas négliger lorsqu’on est en vacances à la plage… ou à la piscine ! Ce n’est pas le genre de littérature qui m’attire en général, il m’est donc difficile de comparer, mais je peux dire sans équivoque que c’est de la Chick lit sympathique! C’est aussi un rappel pour les beaux jours qui arrivent, rentrez le ventre les filles…

Jouer le jeu de l’amour et du (non) hasard

Dès les premières phrases, j’ai réalisé que je n’avais pas affaire à un roman ordinaire, qu’il correspondait au graphisme de la couverture typique à un magazine féminin humoristique. Pourquoi ne pas étendre la définition étroite du roman me suis-je dit, et j’ai essayé de jouer le jeu et d’y prendre plaisir. Parce qui dit jeu dit souvent plaisir, bonne rigolade, humour.

L’auteure Annie (L’Italien), je l’ai tout de suite identifiée à Anne, le personnage principal qui reçoit en cadeau de fête un voyage au Club Med orchestré par ses ingénieuses copines. Annie et Anne ont de l’humour à revendre. L’histoire en déborde à tel point que le « bas de page » est noirci par des définitions cocasses de mots inventés. Aussi bien l’avouer tout de suite, je ne les ai pas tous lus. Je me suis lassé de l’humour pour l’humour. C’est très personnel, j’aime le rire né de la surprise, qu’on me déjoue, qu’on me saisisse au moment où je m’y attends le moins. À partir du moment où la blague est entendue et attendue, j’ai tendance à rester imperturbable et je peux jusqu’à m’ennuyer un peu même. J’ai tout à fait conscience que c’est personnel et je m’imagine facilement que ce lexique avait de la matière pour se bidonner.

D’ailleurs, le lexique était à l’image du propos, généreux, pas hermétique, joyeux, pas prétentieux. Très bon enfant.

Le « jeu » concocté par les amies d’Anne pour son anniversaire veut faire la démonstration qu’elle pèche par orgueil et que c’est la raison qui empêche Cupidon de traverser son cœur d’une flèche trempée dans la fiole amour. L’idée est bonne et je trouvais que c’était une manière originale de présenter la parfaite comédie romantique. Ce qui m’a empêché de me délecter est le côté parfaitement prévisible. Je comprends pourtant que dans ce genre d’histoire, on joue le jeu, après avoir eu peur que tout bascule dans un drame X, suite à un malentendu, on a l’assurance absolue que les amoureux qui se battent contre leur amour vont finir heureux parce que fait un pour l’autre. J’ai déjà vu et lu cette formule et il m’arrive d’y prendre plaisir, je n’y suis pas allergique.

Pourtant, cette fois-ci, la course au trésor avec ses cartons semés par ci et par là, m’est apparue si évidente que cela m’a enlevé le plaisir de jouer à la peur, au doute, au frisson. Les règles du jeu étaient archi simples, trop simples à mon goût, faut-il croire.

La fin et sa proposition de plusieurs fins m’a amusé pour le plaisir de choisir. J’ai choisi la première option et j’ai eu droit à un gros paragraphe un peu platement écrit. Du coup, je suis allé parcourir très rapidement les autres fins et j’ai compris que je n’avais pas choisi la fin idéale d’après la définition de l’auteure, celle où on ne passe pas tout de suite l’éponge et qui s’étire sur quelques pages plus subtilement amenées.

En bout de fins (une ou trois), je ne dénigre pas ce roman qui a le mérite de se démarquer par son genre « chick lit » tout à fait assumé mais pour moi, c’est un rendez-vous manqué.

Il faut parfois savoir s'assumer

Je l'avoue d'emblée: j'étais très réticente à lire ce titre, n'étant pas particulièrement portée sur la chick lit. Le Petit Guide de l'orgueilleuse (légèrement) repentante d'Annie L'Italien était à peine arrivé chez moi que mon adolescente avait mis la main dessus avec un plaisir gourmand : « Ça a l’air vraiment bon! Dépêche-toi de le lire que j’aie le temps, moi aussi! » Alors, un peu en grinçant des dents, j’ai ouvert cet objet rose identifié, à la typo aérée qui m’a vaguement rappelé les Aurélie Laflamme dévorés par l’ado en question, justement. Et puis, là, je l’avoue, j’ai craqué. J’ai plongé dans l’histoire (au scénario relativement convenu, admettons-le) avec un plaisir coupable. Si les longues descriptions du début (histoire de bien placer tous les « personnages » i.e. les amies d’Anne) m’ont paru un tantinet surfaites, une fois l’héroïne débarquée au paradis (pour ceux qui apprécient les Club Med), le rythme s’est accéléré de façon significative et j’ai suivi avec envie la chasse au trésor organisée par les copines (j’aimerais bien avoir de telles amies dans mon entourage…) et j’aimais bien l’idée d’être complice de cette histoire d’amour improbable (même si arrangée avec le gars des vues) entre deux écorchés.

Bon, d’accord, le style n’est pas exceptionnel et je n’ai retenu qu’un seul passage dans mon carnet de lecture. « Ça tombe plutôt bien, Philippe me donne justement envie d’écouter du jazz. Je n’ai aucune idée de ses goûts musicaux, mais c’est comme ça. Je peux difficilement l’expliquer. C’est sans doute parce que pour moi, le jazz représente le mieux l’idée que je me fais de ce qu’un couple devrait être; il crée une ambiance d’intimité, de chaleur, de sensualité, de vulnérabilité, de douleur aussi. Plus que tout autre musique, le jazz vient du cœur et s’adresse à mes triples, beaucoup plus d’ailleurs que toutes ces ballades pop quétaines et bourrées de clichés. » (p. 118) Mais, tout de même, c’était rondement mené par Anne (euh, pardon, Annie) L’Italien et purement jouissif par moments. (Les notes de bas de page sont souvent délicieuses, un ajout intéressant ici qui parfois ralentit la lecture mais souvent fait pouffer de rire.) Deux jours auparavant, Daniel Pennac expliquait à Tout le monde en parle qu’il considérait la qualité d’un livre au nombre de stations de métro ratées quand il le lisait. J’ai fait bien attention parce que, tant qu’à jouer cartes sur table (on est entre filles, là, « on jase » pour citer Guy-A Lepage…), j’ai effectivement failli rater ma station deux fois plutôt qu’une. En 24 heures à peine, j’avais terminé. Le lendemain, ma fille a fait de même (dans les mêmes temps). J’ai presque regretté de ne pas l’avoir acheté : ça aurait été un chouette livre à partager lors d’un prochain souper de filles, justement. À la place, je me suis dépêchée de le rapporter en bibliothèque pour qu’une autre ait le plaisir (coupable ou non? À vous de juger…) de le lire.

Une lecture fraîche et drôle !

Alors que l'été approche à grand pas (enfin... à Paris, hier il faisait 27°C et aujourd'hui plus que 20...), la Recrue prend de la légèreté en ce mois de mai !

Fini les récits tristes et durs des dernières recrues, voici une comédie romantique qui met le sourire aux lèvres et du baume au coeur !

Serait-ce l'orgueil d'Anne qui l'empêche de rencontrer l'amour ? Cet orgueil qui « l'aurait trop souvent empêchée d'oser rigoler/pleurer/chanter/vivre pleinement » (4ème de couverture) ? C'est ce que pensent ses quatre copines : Bianca, Christine, Dominique et Esther. Ces dernières décident alors de la mettre au pied du mur pour son anniversaire... Elle lui offre une chasse au trésor aux Bahamas. Cette chasse au trésor, pleine de surprises, va pousser Anne hors de ses retranchements. Et qui sait ? Peut-être rencontrera-t-elle aussi l'amour ?

Cela faisait très longtemps que je n'avais pas lu de comédies romantiques (a.k.a chick-lit). C'est donc avec plaisir que je me suis plongée dans ce premier roman d'Annie L'Italien et je n'ai pas été déçue !

J'ai passé un très bon moment en copine d'Anne et de ses copines, je l'ai suivi avec plaisir lors de sa chasse au trésor. C'est frais, c'est léger, c'est drôle et quelques surprises pimentent le tout.

Annie L'Italien écrit aussi avec humour : Anne, la narratrice, s'adresse à ses lecteurs, l'auteur parsème son roman de titres drôles et Anne leur propose même de décider de la suite des événements (enfin de la fin de l'histoire).

De plus, la construction alterne le récit d'Anne et le journal de... enfin je ne peux pas vous en dire plus sous peine de gâcher le suspense ! ;-)

A noter que ce livre est plein de tournures et vocabulaires québécois (il y a quelques notes en bas de pages qui aident à s'y retrouver, sinon je vous conseille ce site (Merci, Lucie, pour le lien !)), ce qui est un régal pour la Française que je suis !

Juste pour l'fun :
« Frenché : du mot French. Comme dans "Elle a le French facile". Anglicisme québécoisement reconnu et utilisé pour remplacer le ronflant "Elle donne des baisers français à quiconque croise son chemin", qui signifie que le sujet a l'habitude de coller spontanément ses lèvres sur celles d'un inconnu, d'ouvrir la bouche et d'introduire sa langue dans la bouche de l'inconnu, un type de baiser dont on attribue l'invention aux Français, au même titre que les tresses et les frites, mais en plus l'fun. » (p.25)

Voici donc une chouette lecture, fraîche et drôle, à consommer sans attendre, surtout avec les beaux jours qui arrivent !

Quand l’orgueil baisse (un peu) la garde

De quoi a besoin une trentenaire un peu orgueilleuse pour sortir de son quotidien et aller voir ailleurs si elle y est? D’un congé un peu spécial, organisé par ses copines. Plage, soleil et bonne compagnie. C’est ce qui attend Anne à son arrivée au club Med. Tout semble parfait, voire trop parfait…

Alors que se pointe enfin le printemps, voici que j’ai fait ma première incursion dans le monde de la « chick litt », cette littérature destinée aux jeunes femmes et écrite par des jeunes femmes. Et, franchement, l’expérience n’a pas été désagréable. Un peu de légèreté et d’humour tombaient à pic!

Le Petit guide pour orgueilleuse (légèrement) repentante n’a pas la prétention de nous emmener nulle part ailleurs que dans un univers qu’on connaît assez bien : un cercle d’amies de longue date, intimes, rigolotes. Attentives les unes aux autres, et décidées (parfois) à se mêler de la vie des autres et de bousculer le hasard au besoin.

J’ai souri souvent au détour des phrases du roman d’Annie L’Italien, notamment en lisant ses définitions pseudo-sérieuses en note de bas de page destinées à éclaircir certains termes langagiers plus ou moins usités. Termes connus des lecteurs, pour la plupart, mais dont la définition, elle, sort un peu de l’ordinaire. Juste assez pour nous extirper un demi-sourire. Prenons par exemple : « Zénitude : art de respirer par le nez et d’avoir en permanence un sourire niaiseux. État de ceux qui veulent se sentir comme s’ils venaient de fumer du pot sans avoir à fumer du pot. » (p. 36)

Ne cherchez donc pas de réflexions profondes sur la vie, sur la littérature ni même un style particulièrement travaillé dans ce Petit guide. Et n’y cherchez pas non plus de « guide » à grand-chose. Cependant, vous y trouverez chaleur, rire, amitié et gros bon sens. Un petit livre tout à fait charmant qu’il fait bon savourer en attendant les vacances.

Plaisir coupable

Aucun suspense ici. Dans ce livre toutes les cartes sont mises sur la table d’entrée de jeu. Le lecteur (la lectrice !) sait bien qui est Philippe, ce qu’il fait là au même moment qu’Anne et le lecteur (la lectrice !) voit bien tout le potentiel de cafouillage qu’il y a dans cette situation mais espère quand même que tout ça va bien finir parce que bon, hein, on voit bien que c’est un livre qui ne peut pas finir trop mal.

Je déteste la page couverture de ce livre. Quand je le lisais dans le métro je me reprochais de ne pas avoir de sac de papier brun à me mettre sur la tête. Serais-je un peu snob ? Sans aucun doute. Et nous sommes ici dans le royaume du plaisir coupable. Je reste bon public pour ces ‘livres de filles’ à la Bridget Jones. J’avoue avoir beaucoup ri à certains moments, souri à d’autres et m’être reconnue cent fois. Mais bon, c’est cousu de fil blanc, parfois un peu redondant et la narration directement aux lecteurs (aux lectrices !) rappelle le blogue.

Ça fait autant de bien que la fois où tu te permets un McDo préférablement dans une ville étrangère pour être bien sûre de pas tomber sur une collègue de travail en sortant. Ça fait du bien, mais ça reste du fast-food. Je vais quand même le recouvrir de papier brun (non, mais c’est quoi cette page couverture !) et le prêter aux copines aussi célibataires que moi qui pourront soupirer en se disant qu’un jour elles percuteront aussi un grand brun frisé aux yeux verts dans un aéroport de Nassau.

lundi 5 mai 2008

Annie L'Italien répond aux questions de Caro[line]

Après l'entrevue virtuelle où Annie L'Italien, notre Recrue du mois de mai, nous parlait d'écriture, elle a accepté de répondre à mes questions sur ses lectures.


- Etes-vous une grosse lectrice ?

Oui et non!! Oui lorsque je n'écris pas, non lorsque j'écris. Premièrement par manque de temps, mais aussi parce que j'ai trop peur que ça m'influence! Lorsque je lis pendant des périodes d'écriture, je privilégie des romans au style très différent du mien.


- Comment choisissez-vous vos lectures ?
(magazine, librairie, au hasard, 4ème de couverture, blog, etc.)

Un peu de tout ça! À partir de recommandations d’ami(e)s aussi. Mais on a beau dire, la couverture et le titre du bouquin jouent gros sur la première impression. J’aime bien découvrir un auteur, puis acheter tout ce qu’il a écrit. Généralement, je lis pour me divertir et m’évader plus que pour me casser la tête. Je trouve que je passe assez de temps dans ma vie à réfléchir et à analyser, je préfère ne pas avoir à le faire dans mes loisirs !


- Avez-vous un auteur ou un livre culte ?

J’aime beaucoup relire certains romans, c’est généralement un bon indicateur de la place qu’ils ont pris dans mon cœur. Les romans que j’ai relus le plus souvent sont ceux de Daniel Pennac. J’aimerais être adoptée par la tribu Malaussène. Au Québec j’ai un faible pour les deux romans de Guillaume Vignault, mais je n’en suis pour l’instant qu’à deux relectures.


- Quel est votre dernier coup de cœur littéraire ?

J’essaie désespérément d’aimer Henning Mankell, ma sœur m’a prêté un sac plein de ses romans. J’ai commencé son premier il y a plusieurs mois, et je n’arrive pas à me laisser emporter, probablement parce que dernièrement je n’ai souvent que quelques minutes consécutives à consacrer à la lecture. Mais parlant de romans policiers, mon dernier coup de cœur est certainement Dennis Lehane.


- Comment lisez-vous ?

Puisque j’habite seule, je lis souvent en mangeant. Mais il n’y a rien de mieux que de passer quelques heures enfoncée dans un divan, les pieds sur un pouf, un café dans une main et une œuvre délicieuse dans l’autre.


Merci, Annie, d'avoir accepté de répondre à mes questions !

samedi 3 mai 2008

Chez cyberpresse.ca...

Valérie Gaudreau
Le Soleil
Québec

S’il est une chose qu’on peut dire de Petit guide pour orgueil­leuse (légèrement) re­pen­tante d’Annie L’Italien, c’est bien que l’apparence ne trompe pas. Pas de doute, la typographie fantaisiste et le rose bonbon de la couverture servent le propos de ce roman issu de la pure tradition de la chick lit (pour «littérature de filles»), dans la foulée des Bridget Jones et autres Sophie Kinsella, où l’univers tourne autour des copines et où le magasinage est élevé au rang de thérapie. Dans le genre, le premier roman d’Annie L’Italien passe la rampe. L’orgueilleuse en question, c’est Anne, 35 ans, célibataire au bord du «simili-burn-out» qui se voit offrir par ses amies un voyage au Club Med. Un séjour sous forme de chasse au trésor où elle rencontrera aussi Philippe, un célibataire trop parfait pour être vrai. Tellement parfait, en fait, qu’il n’est peut-être pas sur son chemin par hasard… Malgré quelques trouvailles et une écriture vivante — bravo pour les sympathiques notes en bas de page, un bémol pour l’abus de parenthèses —, Annie L’Italien ne révolutionne rien. Mais ce Petit guide… est un roman à prendre pour ce qu’il est : un bon divertissement sans prétention, vite consommé, peut-être vite oublié, mais amusant.