mardi 15 avril 2008

Déroutes humaines

Vandal Love ou Perdus en Amérique raconte l’histoire des descendants d’une même famille originaire du Québec mais dispersée à travers l’Amérique. Ceux-ci se divisent en deux branches: celle des géants et celle des nains. Différents sur le plan de leurs aspirations, mais réunis dans leur quête qui les lance, inexorablement, sur les routes du Canada et des États-Unis.

Beaucoup de bruit a entouré la parution de ce roman, traduit de l’anglais mais écrit par un auteur québécois d’origine, D.Y. Béchard. Celui-ci, un peu à l’image des personnages qu’il met en scène, a été élevé entre l’Ouest canadien et les États-Unis. Son livre lui a d’ailleurs mérité le Commonwealth Writer’s Prize 2007 du premier roman. Danièle Laurin a même parlé d’un «roman fulgurant». De quoi créer quelques attentes… Et les attentes, ce n’est pas toujours bon, comme je l’ai déjà mentionné.

J’en avais donc quelques unes. Pas trop. J’ai appris. Mais juste assez pour être vraiment surprise. Car à la lecture des premières dizaines de pages, je me suis demandé si je lisais bien le même roman dont j’avais lu tant de bien.

En fait, j’ai trouvé la première partie du livre assez pénible. Les descriptions sont parfois détaillées de façon presque maniaque. Les retours en arrière sont nombreux et souvent difficiles à suivre. Le passage d’un personnage à un autre n’est pas toujours évident non plus, ce qui fait qu’on perd le plaisir de lire, constamment agacé par divers détails de narration et de structure.

Un autre facteur qui ne m’a pas aidée à plonger dans le récit est l’invraisemblance des personnages. Certains ont parlé de «personnages plus haut que nature». Eh bien, moi, je les ai surtout trouvé étriqués et sans âme. Du moins, jusqu’à la moitié du livre.

Car le roman balance ensuite vers l’histoire de la branche des nains qui, au lieu de vivre leur errance et leur quête à travers la violence des poings et l’alcool, se tournent plutôt vers un questionnement existentiel sur le sens de la vie.

Naturellement, mes goûts et ma personnalité m’ont fait pencher pour les nains. Mais quelque chose change également dans l’écriture à ce moment du récit. Comme si, soudainement, les défauts évoqués plus haut s’estompaient pour laisser place à une maîtrise plus évidente de la narration, des descriptions. Ainsi, on sent le souffle de l’écrivain.

Vandal Love, c’est donc pour moi deux romans dans un. Malgré un effort à la fin pour réunir, symboliquement, les deux branches familiales, la séparation reste. Ainsi, c’est moi qui me suis perdue, au fil des lignes de Vandal Love ou Perdus en Amérique, entre les routes divergentes de ces déroutes humaines.

2 commentaires:

Venise a dit…

Je pense que tu résumes bien que ce n'est pas un roman facile à lire. Il ne nous emporte pas dans les sphères vertigineuse de l'esprit, il est très terre à terre et il faut le rester.

Ma lecture s'en est trouvée un peu laborieuse, ayant à m'adapter rapidement de l'univers d'un personnage à un autre. Comme lorsque l'on fait la tournée d'une imposante réunion familiale qui exige de changer de ton d'une personne à l'autre pour bien la comprendre.

Catherine a dit…

Oui, bien d'accord avec toi Danaé, moi aussi le deuxième livre m'a plu davantage!