jeudi 27 mars 2008

À Radio-Canada...

Par Danielle Laurin
15 février 2008

Un roman fulgurant

C'est vaste, inspiré, lyrique au possible. C'est un livre en feu.

C'est un roman phénomène, le premier que publie D.Y. Béchard, 33 ans, né à Vancouver d'un père gaspésien et d'une mère américaine.

C'est une fresque, une épopée, une traversée. C'est une quête incessante d'identité, une recherche inassouvie d'absolu.

C'est Vandal love ou Perdus en Amérique (Québec Amérique), couronné par le Commonwealth Writer's Prize 2007 du premier roman.

Ça commence à l'aube des années 1950, et ça se poursuit jusque dans les années 2000. Ça commence en Gaspésie, et ça nous conduit jusque dans les tréfonds des États-Unis. C'est l'histoire d'une famille. Une famille à deux clans.

Nains contre géants
D'un côté les nains, de l'autre les géants. Les nains sont fragiles, souvent malades, impressionnables. Les géants sont forts, d'emblée batailleurs, impressionnants. Mais peu importe au fond: l'essentiel est que chaque clan est fondamentalement différent.

Différent, vraiment? Outre le fait d'appartenir à la même lignée, les géants comme les nains se nourrissent de rêves. Et ont un faible pour la fuite en avant.

Ils ont en commun d'imaginer que le meilleur existe quelque part, qu'il suffit de le trouver.

Ils sont tous déchirés. Déchirés entre le besoin d'appartenance (à un amour, une famille, un parent, un enfant, un groupe, un Dieu, un lieu...) et l'appel de la liberté, du mouvement, de l'ailleurs.

Ils sont tous des errants, finalement.

Question existentielle
Si on tournait en rond? Si tout n'était qu'illusion? Si on passait à côté de l'essentiel à force de chercher ce qu'on veut, ce qu'on croit, ce qu'on est? Si la vie c'était ça, au fond: vouloir ce qu'on n'a pas, croire en ce qui n'existe pas, être quelqu'un d'autre que soi? Dit comme ça, ça semble désespéré, désespérant. Mais Vandal love est un roman. Cette désespérance humaine, trop humaine, D. Y. Béchard en fait de la beauté.

Comment? En parsemant son histoire de tendresse, d'émotions, de sensualité, malgré la dureté des faits, des gestes, malgré le tragique des situations. En créant des images inouïes, vibrantes d'authenticité.

Éclairs de génie par moments, mais...

On se retient de parler de génie. Parlons plutôt d'éclairs de génie. Car tout n'est pas parfait dans ce livre. Disons-le franchement: il faut s'atteler sérieusement, ne pas lâcher la bride, au risque de s'égarer en cours de route. Ça ressemble à de la surenchère, par moments.

On préfèrera voir là le germe d'un style qui prend le risque de s'affirmer, envers et contre tout. Un style exigeant, oui. Mais qui a du souffle, qui fait danser les images, les mots. Et s'avère fulgurant, par moments.

On voudra suivre cet auteur-là.

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