dimanche 20 juillet 2008

La Recrue grandit et déménage

La Recrue du mois a presque un an. Le bilan de cette première année a poussé l'équipe de rédaction à se poser des questions et à prendre des décisions.

Ne vous inquiétez pas, la Recrue gardera son mandat et mettra en lumière tous les mois un premier ouvrage de fiction d'un auteur québécois. Cette vitrine unique culminera le 15 avec les commentaires de lecture de chacun d'entre nous. Cette année, nous tenterons de systématiser davantage notre recensement des médias pour vous faire connaître le point de vue des uns et des autres sur les Recrues et nous vous offrirons davantage d'entrevues inédites avec les auteurs. Une grande nouveauté: le Repêchage nous permettra de commenter d'autres premières oeuvres québécoises qui malheureusement n'auront pas été choisies Recrue (parce qu'il n'y a que 12 mois dans une année!).

Finalement, la fin de cette première année verra la nomination de nos Recrues de l'année. L'équipe de rédaction est en train de comptabiliser ses coups de coeur pour mettre en lumière les quelques ouvrages qui nous ont le plus marqués. Mais avant cela, il nous reste la Recrue du mois d'août qui est annoncée aujourd'hui.

Or, pour mettre toutes ces nouveautés en place, l'espace ici nous semblait un peu restreint, alors on déménage. Rendez-vous sur le nouveau site de la Recrue, ajustez vos signets, vos fils RSS et vos références:

mardi 15 juillet 2008

Une appréciation en yo-yo

Ils sont tous jeunes, ils sont tous un peu paumés. Ils boivent trop souvent, fument trop souvent. Se cherchent. Veulent des bébés, veulent des couples. Et y arrivent parfois. Mais pas toujours et pas toujours très bien. On dirait presque que ça se passe près de chez moi? C'est un peu ça! L'auteure a mon âge et c'est un peu moi en blonde, quoi!

Quand j'ai commencé à lire ce bouquin, je n'étais pas du tout dans l'état d'esprit pour me faire raconter des histoires d'amour déprimantes, pour entendre parler de ma génération qui ne sait pas s'attacher et pour qu'on déprime tous en coeur. Pour les Québécois, j'ai vraiment eu l'impression de me taper Horloge biologique version femelle. Non, merci! Et puis, soudain, est-ce mon humeur ou la teneur des nouvelles, mais à partir de la page 80 (Bobby Bibbo se fait kidnapper) j'ai embarqué, quitte à jetter un regard moins drastique sur les premières nouvelles que j'avais lu. Je m'avoue un coup de coeur pour cette nouvelle ainsi que les deux nouvelles abordant les frères dont l'un (un, vraiment?) est psychotique (Garçon en mauvais état et Y'a pas d'espoir pour les bizarres). Ce n'est probablement pas un hasard que les deux nouvelles m'ayant plue davantage sont celles qui ne portent pas sur les dérapes amoureuses et les doutes des filles de mon âge. On dira ce qu'on voudra, il arrive un jour où t'es tanné de t'entendre et là j'avais l'impression de m'écouter.

C'est bien écrit quoi qu'un peu pragmatique pour mes goûts. Certaines nouvelles ont un ton plus typé (utilisation de l'infinitif à répétition) qui marque bien la lassitude... quitte parfois à me lasser. Pour ce qui est des chats, ils sont bien là. Parfois j'ai eu l'impression qu'ils étaient plaqués un peu (bon vous savez comme je suis frétillante sur les détails insignifiants!). Mais le titre est tellement génial que ça valait quelques chats accessoires.

Chatisfaction (plus ou moins) garantie

Les auteurs ont des approches fort différentes de la nouvelle et, d’une certaine façon, c’est peut-être ce qui fait le charme des recueils mixtes. Quand un auteur, comme ici Véronique Papineau, décide de publier un recueil de ses nouvelles, le danger rôde forcément que le ton devienne un peu trop uniforme d’un texte à l’autre et que le lecteur en tire un moins grand plaisir que s’il avait lu chaque nouvelle de façon indépendante. En ajoutant le défi supplémentaire d’inclure des félins dans chacun de ses textes (sauf un), la jeune auteure a ici joué le tout pour le tout.

Les chats deviennent tour à tour personnages principaux (Petite histoire avec un chat dedans, Claude le chat ayant plus de substance que ses propriétaires), témoins (Garçons en mauvais état, nouvelle rendue avec sensibilité), victimes (Bonbons à la menthe et Dormir très mal, qui auraient eu intérêt à ne pas être présentées l’un à la suite de l’autre), échos à la narration (Bobby Bibbo se fait kidnapper, touchante histoire de fuite adolescente et La mort d’un chat, terrible calvaire amoureux) ou participant récalcitrant (Traitement contre les puces, qui m’a donné l’impression diffuse d’avoir été plaquée là).

La plume de Papineau est précise, souvent acerbe, vaguement désabusée, représentative sans doute d’une certaine vingtaine blasée et surtout blessée par ses relations amoureuses ratées. On y plonge d’abord avec plaisir, avec l’impression de se faire raconter pour la xe fois la même aventure qui tourne mal par une copine, le nom des acteurs masculins devenant presque interchangeables, comme si toutes les nouvelles (sauf deux) se voulaient plus ou moins déclinaisons de cette première histoire. J’y ai d’abord cru volontiers, riant jaune à quelques reprises, appréciant la folie qui se dégageait de certaines pages (la rencontre des protagonistes de Bonbons à la menthe reste mémorable). Et puis, comme lorsqu’on est allergique aux chats, j’ai fini par me lasser, regretter de les avoir lues à la suite. Pas d’espoir pour les bizarres, magnifiquement amenée, m’a réconciliée avec le recueil mais alors, il n’en restait plus qu’une…

Petites histoires à pattes de velours

D’abord, j’ai été séduite par la couverture de ce livre. Il y a beaucoup de sensualité et quelque chose de coquin dans la posture de la jeune femme nue, portant de voyants bas rayés et des souliers rouges. Oui. Quelque chose de coquin, de nonchalant, peut-être. Et ce chat, dans le coin. L’air de rien…

Il faut savoir que, malgré cette aguichante couverture, j’entreprenais la lecture de Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) avec suspicion. Car je ne suis pas une grande lectrice de nouvelles, connaissant peu le genre. Mais je suis une amoureuse des chats. Ça oui!

J’ai eu une excellente surprise, finalement. Car les Petites histoires de Véronique Papineau sont intelligentes, bien tournées. Les personnages, bien que le lecteur ait peu de pages pour se familiariser avec eux, sont souvent bien campés, solides. Et le style des nouvelles varie. Pour ma part, j’ai aimé particulièrement celles écrites en mode infinitif, Dormir mal et Traitement contre les puces.

Évidemment, les chats vont et viennent, dans ce livre. Parfois occupant la place centrale du récit, parfois à peine visibles (ou audibles!) pour le lecteur. Quant à Véronique Papineau, elle fait montre d’un souffle et d’une sensibilité qui lui donnent une grande capacité d’évocation. Elle crée des univers bien pleins en quelques pages. Et les portraits qu’elle dresse des tourments humains sonnent juste.

Ainsi, on trouve, au fil des mots de Véronique Papineau, les qualités propres aux félins : fluidité, adresse, mystère. Le tout dosé à pas de velours.

Un recueil de nouvelles réussi !

Après mon loupé du mois dernier pour cause de non-approvisionnement (une commande oubliée...), me voici de retour avec la Recrue ! Ce mois-ci, c'est un recueil de nouvelles qui est à l'honneur.

Dans chaque nouvelle, Véronique Papineau nous raconte une histoire d'amour : amours ratés, amours trahis, amours fraternels, amour adolescent. Et l'amour des chats aussi. Car le titre de ce recueil n'est pas trompeur : il y a bien un chat dans chaque histoire - plus ou moins mis en avant - sauf dans une, Sauf une.

Et chaque histoire m'a touché ! Pas une seule ne m'a laissé indifférente... Toutes sont pleines d'émotions. Impossible de rester indifférente !

Bien que chaque nouvelle ne tienne que sur quelques pages, nous entrons tout de suite dans l'histoire et les personnages sont immédiatement bien campés. Pour moi, c'est quand on arrive à cela que je trouve qu'une nouvelle est réussie ! Car l'exercice est difficile : il faut qu'en seulement quelques phrases, le lecteur accroche aux personnages et à l'histoire, afin qu'il ne reste pas sur le pas de la porte. Dans le cas de ce recueil, c'est réussi !

Voici donc un recueil de nouvelles que je vous recommande vivement !

Les chats ne retombent pas toujours sur leur pattes

J’ai retardé ce moment. Celui d’écrire mon commentaire sur le recueil de Véronique Papineau. Je n’étais pas inspiré. J’avais un pré-syndrome de la page blanche : avant même de m’y mettre, je savais que je ne saurais pas quoi en dire. Quoi dire sur des textes qui nous paraissent comme de simples feuilles de papier imprimées de tâches d’encre ? Comme des histoires, certes, mais qui ne volent pas, ni en solo ni accompagné d’un lecteur, moi en l’occurrence? J’aurais voulu pourtant. « Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) », n’est-ce pas là un titre vivifiant, comme une promesse d’humour et de légèreté? J’ai bien échappé quelques petits rires, mais j’ai oublié pourquoi – ce qui n’est, déjà, pas très bon signe et ne m’aide pas vraiment à compléter cette note. Cela m’aurait vraiment fait plaisir de pouvoir écrire sur son originalité – que je m’étais préparé à savourer avec un tel titre – ou encore sur un style nouveau et coloré. Mais comme seule option, j’en suis contraint à introduire Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) en parlant de mon incapacité à l’introduire. Un peu inquiétant, non?

Attention. Ne pensez pas que j’ai en horreur le recueil de Véronique. C’est de l’indifférence, tout simplement. Je n’ai ni détesté, ni aimé. Je n’ai pas été captivé, intéressé, c’est tout. Le concept du chat dans chaque nouvelle, c’était bien, mais je n’étais pas impatient de commencer une nouvelle petite histoire pour savoir dans quel contexte ce chat surgirait. Sa façon d’écrire, son style, je l’ai vu davantage comme l’édition de six heures des nouvelles que comme une poésie romanesque. Pas que je ne cherche nécessairement la poésie dans un roman ou un recueil de nouvelles, mais j’exige habituellement quelques métaphores, quelques images que je puisse par la suite associer à l’œuvre. Quelque chose de consistant à se mettre sous la dent.

Mon cahier de citations et d’extraits s’est donc étoffé de quelques lignes seulement. L’un des rares fragments que j’ai pris en note : «Ce boulot est comme les mauvaises pauses commerciales intercalées entre les épisodes de ma vie. » Une phrase très représentative de l’assemblage de textes que propose l’auteure, car c’est justement sur le thème des difficultés de vivre dans notre société «délurée» et grise que les nouvelles de Véronique Papineau s’exposent. Ça et les épreuves de l’amour. Sur les douze, au moins cinq histoires-d’amour-compliquées-qui-finissent-mal. Ne m’étais-je pas trompé? N’avais-je pas commencé à la mauvaise page? Relu une nouvelle à nouveau? Non, c’en était une toute neuve, mais bâtie sur la même idée, selon le même manuel d’instruction, la même recette. J’ai fini par en faire une surdose. Dans le lot, une seule que j’ai appréciée, Pas d’espoir pour les bizarres. Un peu de suspense et de quoi faire réfléchir. Un espoir de dernière minute, puisque le texte se situe sous presque 150 pages d’un livre qui en contient 176. Mais bon, au moins, la fin m’aura laissé une meilleure impression.

Petites histoires avec un chat dedans (sauf une) va surement se perdre dans ma bibliothèque, c’est vrai. Je ne vous le conseillerai donc pas. Mais je suis persuadé qu’il a plu à d’autres et, par conséquent, je les laisserai, eux, tenter de vous convaincre d’en faire lecture.

Quand le chat se fait charme

Il était une fois douze petites histoires sur fond “chat”, sauf une. Je dis « petites » histoires car ce sont réellement de petites histoires, dans le sens de courtes, oui, mais pour leur apparente légèreté aussi. Si on gratte un peu ce style simple, dans le sens d’un peu ordinaire, on touche à des réalités assez lourdes, ce qui m’amène à dire que cette légèreté est trompeuse. Le ton ne sonne pas faux pour autant et une intéressante diversité se présente dans cette palette aux « je » masculin, féminin, ado ou même névrotique. L’uniformité se retrouve plus dans une constante de ton et de style, que de personnages, ainsi que dans la connivence de l’apparition du « chat » dans les histoires.

Comme pour tout recueil de nouvelles, l’on en aime certaines plus que d’autres, et le hasard (est-ce le hasard ?) a fait en sorte que les meilleures se sont retrouvées à la fin pour moi. Je fouille encore pour trouver une explication ; est-ce que je me serais habituée au style que je trouvais plutôt anodin au début, ou les histoires ont-elles vraiment pris de l’étoffe ?

Cela s’approcherait même d’une escalade grimpant lestement jusqu’à ma préférée, la toute dernière Lettres of love, Bobby Bibbo se fait kidnapper, la sixième nouvelle, jouant le rôle de point de virage pour passer de l’ordinaire à plus particulier. « La mort d’un chat » m’a aussi beaucoup captivé, peut-être trop puisque la fin a proportionnellement déçu mes attentes. Cette nouvelle contenait-elle trop de profondeur ? Sa fin, plus qu’un aboutissement ou un éblouissement, a ressemblé à un roman avorté. « Extra vierge » et « Traitement pour les puces » ont une part d’originalité appréciable, ne serait-ce que par leur titre, en égard à certaines autres.

Le charme de ce recueil, parce qu’il en a un, est le lien « chat » et, pourquoi pas le souligner, sa si attrayante couverture. Ce n’est pas une quantité négligeable, le charme. L’intérêt, lui, va pour ce glissement sur la surface d’événements graves, avec énormément de naturel, il y a là un art que l’on ne saurait passer sous silence

vendredi 11 juillet 2008

Le goût des autres

Eric Paquin signe dans le Voir de cette semaine une critique fort élogieuse de La peau des doigts de Katia Belkhodja, notre recrue de juillet.

On peut notamment lire dans sa critique: « Porté par une écriture syncopée, flirtant avec l'oralité et soutenue par toute une gamme de répétitions poétiques, le roman de Katia Belkhodja séduit avec ses belles figures d'apatrides qui reconstituent l'histoire de leurs origines à partir de leurs déplacements géographiques et de leurs rencontres amoureuses. La nouvelle plume à la fois sensible et exigeante qui s'y déploie est celle d'une authentique écrivaine. »

Pour lire l'intégralité de l'article, c'est ici.

vendredi 4 juillet 2008

samedi 28 juin 2008

Dans le Elle Québec...

POUR RIRE JAUNE
Elle n'a pas 30 ans, elle signe ici son premier livre, et c'est un régal. C'est léger, plein d'humour et de petites méchancetés. Douze histoires en tout, avec un chat dedans. Sauf une. Douze histoires sans lien apparent entre elles. Sauf deux. Où on retrouve deux frères: l'un dépressif, psychotique, et l'autre normal. En apparence. Douze histoires punchées. Sauf peut-être une ou deux, qui tombent un peu à plat. Douze histoires qui parlent de tout, de rien, de la vie, quoi. De la vie avec – ou sans – chat. De la vie plate des esseulés. De la vie moche des frustrés. Mais pas seulement ça. De la vie rêvée, aussi. Du désir, de la sexualité. Douze histoires où l'auteure fait entendre une vraie voix. Et met le doigt là où ça fait mal, sans avoir l'air d'y toucher. Miam!