Judas, premier roman de Tassia Trifiatis, tourne autour du thème de la trahison. Le personnage principal, Neffeli, vit une passion amoureuse torturée avec un juif hassidim, Yéhouda, après un avortement qui la hante et alors qu’elle va laisser tomber son fiancé Haïtem, parti séjourner en Syrie.
J’avais beaucoup d’attentes devant ce roman. C’est sans doute pourquoi je suis si déçue de cette lecture.
Ma première déception, concerne le niveau d’érudition du roman. Je m’attendais à plus d’une auteure d’origine grecque vivant dans une ville aussi multiethnique que Montréal. Le sujet central du roman est la différence entre l’héroïne et Yéhouda et l’impossibilité pour eux de partager leur monde. Est-ce voulu qu’on ne s’arrête qu’au dehors de ce qui caractérise la communauté juive orthodoxe? Qu’on n’y apprenne rien, qu’on reste en surface, avec une impression de surfer sur les apparences? Les allusions à la culture arabe, à la musicalité de la langue, sont décevantes. Même la Grèce, que l’auteur connaît pourtant, reste pâle et sous-utilisée.
Autre déception, le propos. La trahison est un thème riche. Évocateur. Qui a nourri de nombreux romans, inspiré plusieurs créateurs. Probable que cela continuera à inspirer encore de grandes œuvres. Pourtant, ici, je n’ai pas « senti » cette trahison. On me l’a bien suggérée, en appuyant beaucoup d’ailleurs, mais sans succès. Elle est désincarnée. Conceptuelle. Absente dans l’essence même de ce qu’est la trahison.
Autre déception : le processus narratif incluant des « lettres » destinées à être tour à tour détruites, cachées, effacées… On se demande à quoi elles servent, réellement. Déjà que la narration est au « je », on n’ajoute rien de nouveau à l’angle d’approche du personnage central par cette étrange insertion épistolaire.
J’en arrive à ma déception ultime, celle qui m’a pratiquement fait refermer le livre avant même la cinquantième page : le style. Quelle lourdeur! J’ai mis un temps fou à lire ce mince roman de 142 pages. L’écriture ne « coule » pas. On s’empêtre dans un style affecté, ronflant, qui cherche l’effet sans faire mouche. J’ai été agacée par l’impression constante de l’exercice de style. J’ai tiqué notamment sur ces métaphores répétées à l’envi, sur les thèmes les plus divers : rivages marins (p. 73), instinct de loup (p. 82), scène de théâtre (p. 114), etc. Sans compter les phrases alourdies d’adverbes et d’adjectifs inutiles. Un exemple? « Ma bouche aussi avait juré qu’elle ne collerait plus ses papilles sur ses gouttes effrayées, sur l’épicarpe de viande aigre-douce du garçon juif. » (p. 82)
Mentionnons au passage des fautes d’orthographe qui rendent, pour certaines, la compréhension difficile : le « gargon (garçon) juif » (p. 53), « Mon amie avait toujours était (été) bonne au jeu de l’exagération » (p. 62), « Ainsi j’ai fini par tout avouer à la dame aux cheveux, donc (dont) j’enviais l’inertie. » (p. 77), « j’étais entré (entrée) chez lui » (p. 133) Je dois dire à cet effet que ces fautes m’ont surprise venant d’un éditeur comme Leméac. Car ici, ce n’est pas l’auteure qu’il faut blâmer mais la personne qui a supervisé la relecture du manuscrit final.
Déceptions, donc, que cette lecture de Judas.
Pourtant…
Pourtant, je ne saurais nier le talent manifeste de Tassia Trifiatis. Son sens de la langue. Cela mérite qu’on le souligne. Mais il lui faudra se départir de son enveloppe de « bonne étudiante » pour s’assouplir, se délester de tout ce qui alourdit son style et prendre enfin son envol d’écrivain. Ainsi, malgré toutes mes réserves devant ce Judas, je décèle chez Tassia Trifiatis l’écrivain en devenir.
J’avais beaucoup d’attentes devant ce roman. C’est sans doute pourquoi je suis si déçue de cette lecture.
Ma première déception, concerne le niveau d’érudition du roman. Je m’attendais à plus d’une auteure d’origine grecque vivant dans une ville aussi multiethnique que Montréal. Le sujet central du roman est la différence entre l’héroïne et Yéhouda et l’impossibilité pour eux de partager leur monde. Est-ce voulu qu’on ne s’arrête qu’au dehors de ce qui caractérise la communauté juive orthodoxe? Qu’on n’y apprenne rien, qu’on reste en surface, avec une impression de surfer sur les apparences? Les allusions à la culture arabe, à la musicalité de la langue, sont décevantes. Même la Grèce, que l’auteur connaît pourtant, reste pâle et sous-utilisée.
Autre déception, le propos. La trahison est un thème riche. Évocateur. Qui a nourri de nombreux romans, inspiré plusieurs créateurs. Probable que cela continuera à inspirer encore de grandes œuvres. Pourtant, ici, je n’ai pas « senti » cette trahison. On me l’a bien suggérée, en appuyant beaucoup d’ailleurs, mais sans succès. Elle est désincarnée. Conceptuelle. Absente dans l’essence même de ce qu’est la trahison.
Autre déception : le processus narratif incluant des « lettres » destinées à être tour à tour détruites, cachées, effacées… On se demande à quoi elles servent, réellement. Déjà que la narration est au « je », on n’ajoute rien de nouveau à l’angle d’approche du personnage central par cette étrange insertion épistolaire.
J’en arrive à ma déception ultime, celle qui m’a pratiquement fait refermer le livre avant même la cinquantième page : le style. Quelle lourdeur! J’ai mis un temps fou à lire ce mince roman de 142 pages. L’écriture ne « coule » pas. On s’empêtre dans un style affecté, ronflant, qui cherche l’effet sans faire mouche. J’ai été agacée par l’impression constante de l’exercice de style. J’ai tiqué notamment sur ces métaphores répétées à l’envi, sur les thèmes les plus divers : rivages marins (p. 73), instinct de loup (p. 82), scène de théâtre (p. 114), etc. Sans compter les phrases alourdies d’adverbes et d’adjectifs inutiles. Un exemple? « Ma bouche aussi avait juré qu’elle ne collerait plus ses papilles sur ses gouttes effrayées, sur l’épicarpe de viande aigre-douce du garçon juif. » (p. 82)
Mentionnons au passage des fautes d’orthographe qui rendent, pour certaines, la compréhension difficile : le « gargon (garçon) juif » (p. 53), « Mon amie avait toujours était (été) bonne au jeu de l’exagération » (p. 62), « Ainsi j’ai fini par tout avouer à la dame aux cheveux, donc (dont) j’enviais l’inertie. » (p. 77), « j’étais entré (entrée) chez lui » (p. 133) Je dois dire à cet effet que ces fautes m’ont surprise venant d’un éditeur comme Leméac. Car ici, ce n’est pas l’auteure qu’il faut blâmer mais la personne qui a supervisé la relecture du manuscrit final.
Déceptions, donc, que cette lecture de Judas.
Pourtant…
Pourtant, je ne saurais nier le talent manifeste de Tassia Trifiatis. Son sens de la langue. Cela mérite qu’on le souligne. Mais il lui faudra se départir de son enveloppe de « bonne étudiante » pour s’assouplir, se délester de tout ce qui alourdit son style et prendre enfin son envol d’écrivain. Ainsi, malgré toutes mes réserves devant ce Judas, je décèle chez Tassia Trifiatis l’écrivain en devenir.
3 commentaires:
Ah, tu vois, moi le style ne m'a pas déplu. Sauf comme je l'ai dit qu'après un moment j'avais l'impression qu'il se suffisait à lui-même.
Par contre je n'avais pas remarqué les fautes d'orthographe... ça c'est déplaisant déplaisant!
Il m'arrive de voir de grossières fautes mais cette fois-ci, une seule et je ne l'ai pas relevée. Ça me surprend à chaque fois et le fait qu'il y en a de plus en plus, ne me rentre pas dans la tête.
Mais tu as raison de le préciser, cela doit être au grand dam de l'auteure. Et je suis comme Catherine, j'ai aimé le style. J'aime voir cette diversité d'opinions, si vous saviez la hâte que j'éprouve à vous lire le 15 !
Catherine et Venise: J'ai constaté en effet nos opinions différentes concernant le style. En fait, je continue à croire que Trifiatis a beaucoup de talent et le sens de la langue. J'ai cependant été agacée par le style, mais peut-être en fait est-ce, comme l'a fait remarqué Venise, plutôt lié à la minceur de l'intrigue? Le style est surdimentionné par rapport à l'intrigue.
Bref, c'est vrai que c'est intéressant de voir comment on peut avoir des vues différentes et c'est un des plaisirs de notre travail de collaboration, non?
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