Le personnage principal est un musicien français qui a misé le tout pour le tout, engloutissant toutes ses économies pour « s'auto-enregistrer ». L'expérience s'est avérée désastreuse, il en sort désabusé, au bord de la déprime. Cet être vidé de lui-même se retrouve à New York, enfermé dans sa chambre d'hôtel jusqu'au moment où un étranger l'entraîne à venir s'enfermer dans un train. S'amorce une relation à huis clos, malgré l'intervention de tierces personnes ou d'événements empreints de violence, c'est d'un face à face dont il s'agit, presque un duel entre un dictateur et un musicien, tous les deux ayant en commun l'heure du bilan. La construction du roman est ainsi faite que le personnage du musicien fait un retour en arrière de son côté, nous mettant à témoin des guet-apens du milieu du disque par un discours critique percutant, tandis que le dictateur, lui, le fait devant ce musicien qui lui doit une écoute soumise et active.
Je ne me suis pas ennuyée à suivre ces protagonistes bizarres, ces habitants confinés dans un wagon roulant. Je me suis sentie à la première rangée d'une scène où deux personnages se donnent la réplique. Les chapitres courts et bien cernés tombent comme des couperets. Il y a dans ce style et cette histoire quelque chose d'un peu solennel avec tout ce que le solennel a d'artificiel. Évidemment, pour tant soit peu arriver à éprouver du plaisir à ces réparties astucieuses, ces silences chargés, ces manipulations sordides, il faut accepter de jouer le jeu de l'homme pris en souricière par un dictateur à vie. Il faut endosser cette prémisse pour apprécier tous les jeux de chat à souris qui se déroulent sous nos yeux car, après tout, il y a ici un homme qui va s'assoir sur les genoux de l'autre ! La situation, le propos, l'ambiance, tout sonne un peu absurde et il est clair, à mon avis, que l'auteur l'a désiré ainsi, ne serait-ce qu'en considérant le titre, on le comprend !
Ce que j'ai le plus aimé est la critique sociale intelligente très bien servie par un humour cinglant. Un humour froid comme une lame qu'on laisse glisser entre deux omoplates. La brièveté des chapitres et les silences inévitables, le temps de tourner les pages, accentuent la lourdeur propre à cette histoire où la vie tient à peu. Par contre, la fin laisse un goût amer de bâclé. C'est malheureux, il y avait matière à prendre les éléments et les pousser d'une manière plus explicite... j'aimerais en dire plus, mais j'en dévoilerais trop.
Pour une première oeuvre, Stéphane Achille a nettement une signature particulière. La sobriété du style, l'intelligence du propos et l'originalité de la structure du texte sauvent les quelques maladresses.
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