Il y a des livres qu'il faut laisser tomber de nos mains un certain temps avant d'essayer d'en parler. Je me félicite d'avoir lu « Le sang des colombes » suffisamment à l'avance pour me permettre cette période de macération.
J'ai commencé ce roman avec une attitude ouverte pour le bonheur avec en mémoire les derniers mots de la couverture « ... pour apprendre le bonheur ». En plus, les paisibles villages à l'écart des grandes routes, comme St-Alexis, me font toujours cet effet de détente. Je pénètre donc ce village, en même temps que Roman Maric. Ici, on ne s'emberlificote pas dans les fils du suspense, on connaît déjà son identité, c'est un terroriste de la plus pure espèce, de ceux qui se tiennent à des lieux de leur pays et de leurs émotions. Nous en sommes avertis, probablement que Dany Leclair a jugé qu'un lecteur averti en vaut deux - c'est pas bête, ça double le nombre de lecteurs ;-0 -
De le savoir à l'avance a tout de même retiré une part du mystère mais pas complètement, il restait un questionnement : va-t-il guérir ou non de son métier ? Est-ce que le plaisir apporté par le duo (duel) des soeurs vont l'amadouer au bonheur calme d'une vie sans reproches ?
Le terroriste en pause, Roman Maric dirait bien méritée, est hébergé par un artiste peintre que je ne suis pas arrivé à trouver sympathique. Je veux dire, sans même ce plaisir qu'on nous offre parfois de détester un personnage. Je le trouvais repoussant, point. Il me restait Hubert, le maire, un être vulnérable, presque une victime, tellement tous et chacun le berne. Il en faut toujours dans un roman !
Mais là, arrêtez-moi, j'aborde les personnages, ne touchant pas l'histoire et le style. L'histoire a été planifiée, il n'y a pas à dire. On sent de la maîtrise, on ne s'évade pas de l'artère principale, on la suit pas à pas. Comme c'est une histoire centrée sur un terroriste, j'aurais aimé sentir un peu plus la menace planée sur le village. De ne pas sentir de peur m'a manqué. Maric, comme toute bonne visite se plie aux convenances, ce qui donne en bout de ligne, un terroriste pacifiste à St-Alexis. Remarquez, c'est peut-être personnel mais j'ai éprouvé une importante difficulté à l'imaginer prêt à tuer des milliers de personnes au nom de la liberté. Je ne l'ai pas suffisamment senti vibrer pour cette cause apparemment léguée par son père. Va sans dire que croire à la cause d'un terroriste est capitale, sinon il se transforme en un vulgaire tueur à gages. Est-ce moi, mais le principe de la sacro-sainte « Liberté » ne me fait pas frémir, juste à sa mention, et d'autant plus que, ne l'oublions pas, qu'il s'agit ici de l'oppression du peuple québécois ! Par la bouche du terroriste, elle se comparerait à celle de tous les peuples opprimés de la terre ! À partir de là, une grande difficulté de ma part à donner de la crédibilité à cette cause.
Le style a un côté très explicatif, presque justificatif. L'histoire, solide malgré ma difficulté à croire à cette Cause avec son grand C, gagnerait en force si on justifiait moins et affirmait plus. Aérer la ligne, qu'on ait de l'espace pour imaginer un peu par l'entre-ligne. J'ai eu l'impression que l'auteur désire démontrer qu'il a pensé à tout. Que ça se tient. Un style plus imagé aurait mieux servi la trame de fond, son lot de mystères et sa galerie riche en personnages tels la mère, les soeurs, la tenancière, le « personnage » des villageois.
Cette histoire avec ses surprenants relents de morbidité se termine sur une fin frappante. C'est le moins que l'on puisse dire sans dévoiler un punch.
En bout de ligne, un livre qui ne laisse pas indifférent et j'ose rajouter ceci : je serai très curieuse d'entendre un lecteur masculin ...
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