jeudi 15 mai 2008

Jouer le jeu de l’amour et du (non) hasard

Dès les premières phrases, j’ai réalisé que je n’avais pas affaire à un roman ordinaire, qu’il correspondait au graphisme de la couverture typique à un magazine féminin humoristique. Pourquoi ne pas étendre la définition étroite du roman me suis-je dit, et j’ai essayé de jouer le jeu et d’y prendre plaisir. Parce qui dit jeu dit souvent plaisir, bonne rigolade, humour.

L’auteure Annie (L’Italien), je l’ai tout de suite identifiée à Anne, le personnage principal qui reçoit en cadeau de fête un voyage au Club Med orchestré par ses ingénieuses copines. Annie et Anne ont de l’humour à revendre. L’histoire en déborde à tel point que le « bas de page » est noirci par des définitions cocasses de mots inventés. Aussi bien l’avouer tout de suite, je ne les ai pas tous lus. Je me suis lassé de l’humour pour l’humour. C’est très personnel, j’aime le rire né de la surprise, qu’on me déjoue, qu’on me saisisse au moment où je m’y attends le moins. À partir du moment où la blague est entendue et attendue, j’ai tendance à rester imperturbable et je peux jusqu’à m’ennuyer un peu même. J’ai tout à fait conscience que c’est personnel et je m’imagine facilement que ce lexique avait de la matière pour se bidonner.

D’ailleurs, le lexique était à l’image du propos, généreux, pas hermétique, joyeux, pas prétentieux. Très bon enfant.

Le « jeu » concocté par les amies d’Anne pour son anniversaire veut faire la démonstration qu’elle pèche par orgueil et que c’est la raison qui empêche Cupidon de traverser son cœur d’une flèche trempée dans la fiole amour. L’idée est bonne et je trouvais que c’était une manière originale de présenter la parfaite comédie romantique. Ce qui m’a empêché de me délecter est le côté parfaitement prévisible. Je comprends pourtant que dans ce genre d’histoire, on joue le jeu, après avoir eu peur que tout bascule dans un drame X, suite à un malentendu, on a l’assurance absolue que les amoureux qui se battent contre leur amour vont finir heureux parce que fait un pour l’autre. J’ai déjà vu et lu cette formule et il m’arrive d’y prendre plaisir, je n’y suis pas allergique.

Pourtant, cette fois-ci, la course au trésor avec ses cartons semés par ci et par là, m’est apparue si évidente que cela m’a enlevé le plaisir de jouer à la peur, au doute, au frisson. Les règles du jeu étaient archi simples, trop simples à mon goût, faut-il croire.

La fin et sa proposition de plusieurs fins m’a amusé pour le plaisir de choisir. J’ai choisi la première option et j’ai eu droit à un gros paragraphe un peu platement écrit. Du coup, je suis allé parcourir très rapidement les autres fins et j’ai compris que je n’avais pas choisi la fin idéale d’après la définition de l’auteure, celle où on ne passe pas tout de suite l’éponge et qui s’étire sur quelques pages plus subtilement amenées.

En bout de fins (une ou trois), je ne dénigre pas ce roman qui a le mérite de se démarquer par son genre « chick lit » tout à fait assumé mais pour moi, c’est un rendez-vous manqué.

1 commentaire:

Danaée a dit…

Tu sais, j'aurais pu avoir exactement la même opinion. Mais il semble que la balance ait fini, dans mon cas, par tomber du côté positif, ce qui fait que j'ai eu plus de plaisir que de grincements de dents à cette lecture... Mais il s'en serait fallu de peu.

Mais disons que c'est peut-être aussi une question de "ras-le-bol". Ce livre m'a tellement sortie de la lourdeur de mes dernières lectures qu'à quelque part, j'en étais reconnaissante à l'auteur.