Bassam voit et décrit sa vie avec Georges, son ami qu’il considère comme son frère, sa mère, son entourage avec un regard déjà ailleurs peut-être parce qu’il refuse toute forme de peur. Lors des bombardements, il ne se terre pas dans les caves, il se veut libre et contrairement à Georges, aussi appelé De Niro (De Niro’s Game, titre du roman avant la traduction), il n’adhère à aucun parti, aucune cause, mais pas au point de ne pas profiter de la situation en commettant vols, larcins et autre méfaits.
Le style s’apparente au ton du personnage, détaché, à la limite de l’indifférence avec, parfois et n’importe quand, une manière de se laisser entraîner par des images fantaisistes. Un peu comme une respiration prise à même l’imaginaire. Mais, sinon, Bassam vit en retrait de ce qui lui arrive, comme ce jour où il est capturé et violemment projeté sur du ciment : « Quand j’ai touché la surface dure et raboteuse du béton (…), je me suis dit que celui qui avait coulé cette dalle avait fait du mauvais boulot ; le plancher n’était même pas au niveau (…).
Il y a évidemment beaucoup de violence et à un certain moment, arrivant à me sortir un peu de l’hypnotisme de ces scènes dures, j’ai réalisé que l’auteur avait tendance à placer son héros en victime. Accusé faussement à plusieurs reprises, il n’y a pas que la malchance de la guerre, il y a la sienne propre aussi.
Bassam est accroché à une seule chose, sa survie physique et psychologique en dépend ; un revolver. C’est son talon d’Achille et cela lui a conféré un peu d’humanité à mes yeux. Les personnages indifférents sont plus difficiles à cerner, à aimer aussi, et c’est par cette relation intime avec son arme que j’ai appris à le connaître un peu.
Cette histoire chargée, portée par un suspense fort et un style puissant et inspiré, nous oblige à soutenir le regard sur les visions d’horreur de la guerre.
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