« J’avais ta chair arrachée entre les dents ». C’est ainsi que commence le roman de Katia Belkhodja, La peau des doigts.
Phrase difficile à cerner. Sens propre ou figuré? Figuré, sans doute. Le lecteur s’en convainc au fil de sa lecture qui le mène au long d’un récit où s’enchevêtrent les destins de personnages atypiques. La narratrice, d’abord. Ensuite, la grand-mère kabyle, les jumeaux artistes dont l’un s’est amouraché de Marguerite Yourcenar, la cousine qui porte le même prénom que la grand-mère, l'amie dentiste atteinte de narcolepsie. Il y a aussi Doña que la narratrice interpelle mais qui reste énigmatique.
Le récit lui-même est celui d’une quête. Celle de la grand-mère sur les traces d’un amour perdu. Celle de la cousine, meurtrie par le deuil de sa mère. Celle de Gan, le jumeau autiste, à la recherche de son auteur fétiche. La narratrice, elle, s’inclut dans ce qui va la mener de Montréal à Paris, en survolant, par l’entremise des souvenirs des autres, l’Algérie, la côte de la Méditerranée et le nord de l’Afrique. Le lecteur, une fois habitué à cette narration plus onirique que concrète, se laisse prendre par la main aux côtés de ces improbables compagnons de voyage.
On se perd un peu dans ce tout petit roman. Peinant parfois à replacer les personnages, les lieux, les événements qui finissent par devenir flous, difficiles à cerner. Mais l’écriture vaut qu’on s’y arrête. Surtout quand on sait que l’auteur, Katia Belkhodja, a écrit son roman à 21 ans.
Ce détail à l’esprit, la lecture s’enrichit. Car le talent éclate sur ces pages, c’est indéniable. Il ne s’agit pas d’un roman parfait, mais les yeux sont happés par des envolées évocatrices et inspirées, qui brûlent d'intensité:
« Je me suis réveillée quand elle est arrivée, elle a éclaté de rire. Comme ça, sans raison. Un rire qui ne s’arrête pas. Un rire jusqu’à pleurer. De ces rires en fer barbelé qui te font mal dans et autour de toi. À avoir peur d’y être, d’en approcher, ce rire. Il y a des gens comme ça qui savent rire la douleur. Des gens qui ont crevé de solitude. Elle rit comme elle chantait un jour. Il y a des gens qui chantent et puis des gens qui rient, puis des gens qui écrivent et des gens qui ne font rien et ils crèvent. Tous. De solitude. » (p. 33)
Oui. Il y a des gens qui écrivent comme Katia Belkhodja.
Phrase difficile à cerner. Sens propre ou figuré? Figuré, sans doute. Le lecteur s’en convainc au fil de sa lecture qui le mène au long d’un récit où s’enchevêtrent les destins de personnages atypiques. La narratrice, d’abord. Ensuite, la grand-mère kabyle, les jumeaux artistes dont l’un s’est amouraché de Marguerite Yourcenar, la cousine qui porte le même prénom que la grand-mère, l'amie dentiste atteinte de narcolepsie. Il y a aussi Doña que la narratrice interpelle mais qui reste énigmatique.
Le récit lui-même est celui d’une quête. Celle de la grand-mère sur les traces d’un amour perdu. Celle de la cousine, meurtrie par le deuil de sa mère. Celle de Gan, le jumeau autiste, à la recherche de son auteur fétiche. La narratrice, elle, s’inclut dans ce qui va la mener de Montréal à Paris, en survolant, par l’entremise des souvenirs des autres, l’Algérie, la côte de la Méditerranée et le nord de l’Afrique. Le lecteur, une fois habitué à cette narration plus onirique que concrète, se laisse prendre par la main aux côtés de ces improbables compagnons de voyage.
On se perd un peu dans ce tout petit roman. Peinant parfois à replacer les personnages, les lieux, les événements qui finissent par devenir flous, difficiles à cerner. Mais l’écriture vaut qu’on s’y arrête. Surtout quand on sait que l’auteur, Katia Belkhodja, a écrit son roman à 21 ans.
Ce détail à l’esprit, la lecture s’enrichit. Car le talent éclate sur ces pages, c’est indéniable. Il ne s’agit pas d’un roman parfait, mais les yeux sont happés par des envolées évocatrices et inspirées, qui brûlent d'intensité:
« Je me suis réveillée quand elle est arrivée, elle a éclaté de rire. Comme ça, sans raison. Un rire qui ne s’arrête pas. Un rire jusqu’à pleurer. De ces rires en fer barbelé qui te font mal dans et autour de toi. À avoir peur d’y être, d’en approcher, ce rire. Il y a des gens comme ça qui savent rire la douleur. Des gens qui ont crevé de solitude. Elle rit comme elle chantait un jour. Il y a des gens qui chantent et puis des gens qui rient, puis des gens qui écrivent et des gens qui ne font rien et ils crèvent. Tous. De solitude. » (p. 33)
Oui. Il y a des gens qui écrivent comme Katia Belkhodja.
1 commentaire:
Tiens, tu as mis le doigt (et la peau des doigts même!) dessus : une quête. Oui, ce roman est une quête, je n'aurais pas pu dire mieux!
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