samedi 15 décembre 2007

Le coeur en poing

Rose n’a rien de rose. Une vie qui l’a éprouvée. Une famille qui l’a humiliée. Un vide intérieur qui la ronge, la hante alors qu’elle songe constamment à la mort. Pourtant, Rose vit. Avec une rage au ventre. Quand survient la tuerie du collège Dawson, Rose vient de quitter son emploi de danseuse nue. Alors qu’elle pose un regard cru sur le geste du tueur, elle le condamne tout en cultivant une autre forme de violence : celle du ring. La boxe. Car Rose frappe. Frappe et frappe encore. À travers ses larmes, elle entrevoit peut-être une lumière dans la présence Coach, vieil homme usé par la vie et les combats, et dans celle de son voisin et amant de passage, Otto.

Curieux roman que Dawson kid. J’en ai aimé l’écriture saccadée, rythmée, intense. On y voit un rapprochement entre les coups de poing de l’héroïne. Une écriture qui frappe.

Pour le reste, je suis dubitative. Le personnage de Rose est ambigu. Il s’agit d’une jeune femme meurtrie. Obsédée par ses démons, mais très lucide sur la vie. Elle lit beaucoup, malgré ses origines modestes, le milieu duquel elle est issue. Elle écrit, aussi. Car la narration est au « je » et le roman est bâti comme un journal intime. Mais quelque chose dans la cohérence du personnage cloche. D’abord, l’agressivité de Rose finit par agacer puisqu’elle ne mène, finalement, nulle part. Le personnage n’évolue pas. L’histoire se termine en queue de poisson et on se serait attendu à un minimum de « guérison » ou de prise de conscience. Mais non. Le lecteur n’a été mené nulle part ailleurs que dans les élucubrations noires et agressives du personnage central.

Un autre aspect qui m’a agacée est qu’on a du mal à croire à la féminité de Rose. Si l’auteur a réussi, avec ce neuvième essai, à se sortir de l’auto-fiction, on sent malgré tout l’inspiration qu’il puise à sa propre vie. Les réflexions de Rose, sa violence, ses fantasmes sexuels où elle s’imagine violer des hommes m’ont fait sourciller. Finalement, j’ai senti un piétinement de l’histoire vers le milieu du livre. J’avais été happée par le style efficace, frappant, de Simon Girard, mais j’ai vite été étourdie et lassée par la succession des coups de poings.

Un livre qui frappe, certes. Mais sur quelle cible? Je ne sais trop.

2 commentaires:

Venise a dit…

Décidément, on est plusieurs à avoir éprouvé des difficulté avec le sexe de Rose !

Caro[line] a dit…

En fait, je n'y avais pas pensé au moment d'écrire mon billet mais oui, je n'ai pas trop cru au sexe de Rose...